Poussée islamiste en Tunisie, Libye et Egypte ,Une tentation pour l’Algérie ?

Poussée islamiste en Tunisie, Libye et Egypte ,Une tentation pour l’Algérie ?

La montée des islamistes dans plusieurs pays arabes secoués par des événements appelés par certains analystes «printemps arabe» donne apparemment des idées aux islamistes algériens pour pouvoir connaître le chemin d’El Mouradia.

Il faut reconnaître d’une part, que la chose n’est pas évidente à réaliser en l’absence d’une forte formation de ce courant, qui pourrait regrouper les islamistes dispersés.

D’autre part, l’expérience restée gravée dans la mémoire des algériens est celle de l’émergence du Fis dissous dans les années 90 mais la décennie noire a laissé des séquelles difficiles à effacer. Cependant, certains islamistes profitent de la conjoncture actuelle du monde arabe pour essayer d’occuper la scène politique. D’ailleurs, dans le cadre de la naissance de nouvelles formations politiques, on trouve des islamistes, à l’instar du mouvement «El Taghyir», dont le leader n’est autre que l’ex-numéro 2 au MSP, Abdelmadjid Menasra, le parti pour le développement et la justice initié par cheikh Abdellah Djaballah et le tout nouveau parti annoncé par l’ex-secrétaire général du mouvement El Islah, Djamel Abdessalam. Cette naissance est motivée par la probabilité d’obtenir un agrément, une fois le projet de loi sur les partis politiques promulgué mais aussi par la poussée des islamistes en Egypte, Tunisie, Libye, en attendant d’autres.

Dans ce cadre, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a perdu un nombre important de ses militants, qui ont choisi le camp de Menasra après le 4e congrès du parti en 2007, semble le parti qui a le plus exprimé sa satisfaction de la montée des islamistes dans les pays arabes, notamment avec la victoire d’Ennahdha en Tunisie, dont le patron Rached Ghannouchi a été reçu comme un chef d’Etat par le président du MSP, Bouguerra Soltani et le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Il est à souligner que ce leader islamiste a été également reçu par le Président Bouteflika, le Premier ministre Ahmed Ouyahia et les présidents du Sénat et du Parlement, respectivement Abdelkader Bensalah et Abdelaziz Ziari. Donc, même au sommet de l’Etat, on reconnaît

«la légitimité» de ces islamistes qui ont trouvé le chemin du pouvoir après les «révolutions». Sachant que ces islamistes sont soutenus par les Etats-Unis.

Dans ce contexte, des informations circulent sur une initiative qui aurait pour but de mettre en place une structure des islamistes. A ce propos, il a été rapporté par «TSA» que «d’anciens militants, pour la plupart du MSP, ont pris l’initiative de reconstruire le mouvement des Frères Musulmans en Algérie conformément à la méthode de son fondateur, Hassan El Bana».

Selon la même source, qui a cité comme interlocuteur Abdelaziz Hariti, cette initiative a été lancée par «treize ex-personnalités issues pour l’essentiel du MSP».

Ce dernier aurait déclaré que «L’Internationale des Frères Musulmans a vu que la réconciliation entre le MSP et le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) de l’ex-ministre Menasra (non encore agréé) n’a pas abouti, après deux ans d’efforts, alors 13 personnalités ont décidé de retourner aux fondamentaux».

M. Hariti aurait expliqué aussi qu’«il ne s’agit pas de créer un nouveau parti politique mais de rassembler autour des idées des Frères Musulmans».

Il est à souligner que M.Hariti est président du «comité de soutien au peuple syrien».

Il faut dire que même si Alger est en train de normaliser ses relations avec les nouveaux leaders islamistes en Libye et en Tunisie en attendant la montée des frères musulmans en Egypte, il n’est pas question d’ouvrir la porte au retour des leaders du FIS dissous, ce qui est mentionné noir sur blanc dans le projet de loi portant sur les partis politiques. Un texte qui est toujours en examen au niveau de la commission des affaires juridiques de l’Assemblée populaire nationale. Cependant, la récupération des ex-militants du FIS par les formations politiques activant sur la scène politique n’est pas interdite, une récupération qui intéresse les partis islamistes comme le MSP, dont le patron Bouguerra Soltani ne cache pas ses ambitions pour les prochaines présidentielles. Il y a aussi ceux qui se disent «nationalistes» dont le Front de libération nationale (FLN) ; d’ailleurs, Belkhadem n’avait pas caché sa rencontre avec cheikh Sahnouni (ex-leader au FIS) et autres.

Par Nacera Chenafi