Le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia, est loin d’être effrayé par un probable triomphe des islamistes lors des prochaines législatives. « L’Algérie pourrait bien faire exception et échapper à la vague islamiste. « C’est mon point de vue « , a dit le ministre ce matin sur les ondes de la chaîne III.
Plus généralement Ould Kablia ne croit pas en la possibilité d’une majorité islamiste comme semblent le redouter certains courants d’opinion. Un printemps islamiste à la tunisienne, marocain et l’égyptienne en Algérie est totalement exclu d’après lui.
Mais au-delà ses propres lectures politiques, le ministre de l’Intérieur qui sera chargé d’organiser le scrutin, s’est voulu neutre en précisant que c’est le peuple auquel revient de dernier mot.
« Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Personne ne peut se mettre à la place du peuple pour dire vers quelle direction va se porter son choix. Alliance entre partis islamistes ou non, l’électeur algérien connaît bien son monde. La comparaison avec d’autres pays n’est pas aussi probante « , expliqué Daho Ould Kablia.
Ce postulat ne l’empêche pas ce pendant de glisser : « l’Algérie a ses spécificités et ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas forcément à celles qui existent ailleurs où les votes ont sanctionné des politiques plutôt que des valeurs. Alors restons sur la réserve et attendons ce qui se passera « .
Quid des bruissements sur l’éventuelle émergence d’un bloc islamiste ? Là aussi, Daho Ould Kablia se montre dubitatif, estimant que les ambitions des partis islamistes algériens sont divergentes. « Il ne s’agit pas d’ambitions doctrinales, mais d’ambitions de personnes. On ne voit pas qui pourra se placer sous la tutelle de l’autre au niveau de ces partis « .
Interrogé sur le retrait du MSP de l’Alliance présidentielle, le ministre soutient qu’il s’agit plutôt d’une démarche tactique. « Ce parti veut s’engager dans la bataille électorale avec un esprit de compétition, libéré de toute forme de tutelle », affirme-t-il.
Le FIS, c’est fini !
Le ministre s’est également montré intraitable sur le retour du FIS qu’il considère être un dossier définitivement clos.
» Ce parti a été dissous par voie judiciaire en mars 1992 pour les raisons que l’on connaît. Ce n’est pas l’actuelle loi sur les partis qui a tranché, mais l’ordonnance de 2006 portant application de la Charte sur la réconciliation nationale, laquelle charte a été adoptée par référendum par la grosse majorité du peuple algérien « , a-t-il argué.
Pour lui il s’agit « d’une simple répétition des dispositions de cette ordonnance de 2006. Mais si les anciens du FIS, veulent créer un parti à l’étranger, cela n’aura « aucune répercussion sur la vie politique à l’intérieur du pays « .
En revanche les militants de l’ex‑FIS, « qui n’ont pas perdu leurs droits politiques et civiques et qui ne figurent pas dans la catégorie précisée dans l’ordonnance présidentielle de 2006 », peuvent d’après Ould Kablia avoir une activité politique « à condition de ne pas créer un nouveau parti ».
« Car s’ils le font, ils vont se baser sur l’idéologie du parti dissous. Mais ils peuvent appartenir à des partis de la mouvance qu’ils souhaitent sans pouvoir être membres fondateurs. C’est pour cela que j’ai dit qu’il y aura des études au cas par cas. Nous ferons les enquêtes réglementaires par les trois services de sécurité. Si les avis sont défavorables, nous demanderons à ces partis d’exclure de leurs listes les membres fondateurs qui n’ont pas le droit de l’être », a-t-il expliqué.