À une question sur le prix de la sardine qui caracole ces derniers jours à 400 DA le kilogramme, le ministre a écarté toute éventuelle baisse.
Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Khanafou, a exprimé son intention de mettre les ports de pêche sous sa tutelle. Intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III, le responsable a indiqué que cette démarche vise à réguler le marché de la production halieutique en Algérie et une meilleure exploitation de cette ressource.
«Une révision de la gestion des ports de pêche sera faite. Il est anormal que nous n’ayons aucun droit de regard sur les ports de pêche alors que la commercialisation et le transit du poisson se passent dans ces espaces portuaires
. Il est temps que le ministère, qui peut jouer un rôle de puissance publique, gère ces ports pour une meilleure visibilité et une meilleure transparence de la commercialisation des ressources halieutiques. Nous voulons avoir les ports de pêche sous la tutelle du ministère», a indiqué le ministre qui affirme que cette question a été abordée avec le président de la République lors des auditions du mois de ramadhan. Le ministre a précisé que la gestion des ports de pêche reste un obstacle à la bonne exploitation des ressources.
A une question sur le prix de la sardine qui caracole ces derniers jours à 400 DA le kilogramme, le ministre a écarté toute éventuelle baisse du prix de ce produit tant prisé par les familles modestes et qui n’est guère compatible avec le pouvoir d’achat des citoyens. «Il n’y a que l’offre qui peut baisser les prix. Or, cette offre est en deçà de la demande nationale.
Le poisson se fait de plus en plus rare», a soutenu le ministre. Selon lui, la production annuelle actuelle avoisine 145 000 tonnes. «On ne peut pas produire plus. On peut continuer à tolérer les exportations des espèces à forte valeur ajoutée et compenser ces exportations par une importation de produits de large consommation.
Il faut réguler l’exportation en collaboration avec le ministère du Commerce. Il faut fixer un niveau quantitatif d’exportation pour chaque espèce et interdire définitivement l’exportation de la sardine», estime-t-il. Interrogé sur l’existence du phénomène de la spéculation dans cette activité et sur les pêcheurs qui vendent le poisson en haute mer, M. Khanafou a écarter l’existence de cette pratique, soulignant que «le poisson n’est pas la carotte ou la pomme de terre qu’on peut stocker et spéculer par la suite sur leurs prix».
Dans le même sillage, le ministre a battu en brèche les résultats de l’étude espagnole élaborée en 2005 sur les ressources halieutiques en Algérie. «Les procédés utilisés pour cette étude n’étaient pas fiables. Nous devons revoir notre plan d’investissement en fonction d’une ressource claire. Nous devons nous focaliser sur les ressources que nous possédons», annonce-t-il.
L’étude espagnole avait estimé la ressource halieutique qui peut être exploitée à 220 000 tonnes par an. «Cela ne veut pas dire que nous pêchons cette quantité. Notre production annuelle actuelle avoisine les 145 000 tonnes. C’est la raison pour laquelle les prix du poisson sont élevés», a déclaré le responsable qui estime que «le ratio annuel de consommation par habitant est encore faible».
Pas d’acquisition de nouveaux bateaux de pêche
Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques annonce également l’arrêt définitif de l’acquisition de bateaux de pêche. La tutelle a décidé de suspendre cette opération et d’arrêter le financement des opérateurs pour acquérir ces bateaux. «La flottille actuelle, forte actuellement de 4 500 unités, peut suffire à couvrir les besoins de l’Algérie en matière de pêche. Nous allons faire un état des lieux de la flottille.
Sur cette base, nous verrons s’il faut injecter d’autres capacités», a-t-il précisé. Le ministre a indiqué que la moyenne d’âge de ces 4 500 unités de pêche est passée de 20 ans à 12 ans, grâce au programme de soutien de l’Etat au secteur de 26 milliards de DA.
Le ministre a indiqué que neuf ports de pêche ont été réalisés l’année dernière et onze projets de construction de ports de pêche sont programmés. S’agissant de la pêche du thon, le ministre a précisé que l’exploitation de cette variété de poisson est désormais dévolue aux seuls armateurs algériens qui ont bénéficié d’une aide de l’Etat à hauteur de 60% pour de l’acquisition de 15 thoniers au total.
Dans ce sens, le responsable a indiqué que le quota de l’Algérie de 1 000 tonnes de thon pour 2009 n’est pas pêché. A cet effet, des mesures seront prises à l’encontre des armateurs qui ont bénéficié de l’aide de l’Etat pour acquérir des thoniers. «Ils rembourseront l’aide financière de l’Etat», a-t-il dit.
Le ministre a annoncé également la levée de l’interdiction de la pêche du corail, après l’élaboration d’un plan de gestion de cette ressource basé sur une étude qui a émis des variantes d’exploitation reparties en plusieurs secteurs sur le littoral algérien.
Par Hocine L.