POURSUIVIS POUR «INCITATION À ATTROUPEMENT NON ARMÉ» Procès aujourd’hui de 4 militants des droits de l’homme à Alger

POURSUIVIS POUR «INCITATION À ATTROUPEMENT NON ARMÉ»  Procès aujourd’hui de 4 militants des droits de l’homme à Alger

La mécanique anti-activistes et militants des droits de l’homme est une nouvelle fois enclenchée. Après avoir requis, le 13 juin dernier, 3 ans de prison ferme à l’encontre du jeune blogueur Tarek Mameri pour avoir notamment diffusé une vidéo appelant au boycott de l’élection législative, la justice se prononcera aujourd’hui sur le «cas» de 4 militants des droits de l’homme poursuivis pour «incitation à attroupement non armé».

Yacine Zaid, Athmane Aouameur, Abdou Bendjoudi et Lakhdar Bouzini, poursuivis par le parquet près le tribunal de Bab El Oued pour incitation à attroupement en application de l’article 100 du code pénal, qui comparaissent aujourd’hui devant ledit tribunal section correctionnelle risquent en effet de lourdes peines de prison eu égard au «comportement» antérieur de la justice vis-à-vis surtout des militants des droits de l’homme, des défenseurs des droits des chômeurs ou encore des syndicalistes.

«Le comble réside dans le chef d’inculpation retenu contre nous – incitation à attroupement non armé», s’indigne Yacine Zaïd, habitué à «ce genre de procès». Le seul tort de ces militants et d’avoir demandé «pacifiquement la libération de Abdelkader Kherba», précise la LADDH au sein de laquelle milite Yacine Zaïd. Abdelkader Kherba, défenseur des droits des chômeurs et militant de la LADDH a été condamné en mai à un an de prison avec sursis et une amende de 20 000 dinars «pour incitation à attroupement, trouble à l’ordre public et usurpation d’identité». «Rien ne m’étonne venant d’un pouvoir illégitime», tranche Yacine Zaïd.

«Le pouvoir fait tout pour éviter le terme pacifique, alors que toutes les marches, les rassemblements ou les actions auxquels nous avons appelés ou assisté se sont déroulés dans le calme», ajoute-t-il, soupçonnant «les décideurs» d’être partisans du chaos. «Ils veulent le chaos, la violence et les pneus brûlés pour justifier leur acharnement contre les défenseurs des droits de l’homme. Ils ont peur de la contagion pacifique», accuse Zaïd qui révèle dans la foulée que d’autres militants ont été convoqués pour aujourd’hui devant la justice, «mais nous ne savons pas encore pour quel motif», précise-t-il.

Ces 4 militants seront défendus notamment par un collectif d’avocats de la Ligue de défense des droits de l’homme. «La LADDH sera présente au procès par le biais de son collectif d’avocats pour défendre ces défenseurs des droits de l’Homme et délèguera son représentant pour observer les conditions du déroulement du procès»

, écrit la LADDH dans un communiqué rendu public où elle a dénoncé «une grave atteinte aux libertés d’expression et d’association et l’instrumentation de la justice pour la fermeture des champs des liberté fondamentales pourtant garanties par les lois de la République, notamment les article 33 et 34  de la Constitution». Un vaste mouvement de solidarité est né au lendemain de l’inculpation des 4 militants et une pétition contre le harcèlement judiciaire à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme est lancée sur internet. Nous recevons des messages de soutien de toutes les wilayas et même de l’étranger»,

fait savoir M. Zaïd, ajoutant que des rassemblements de solidarité sont prévus dans différentes régions du pays. Lors du procès, un autre rassemblement est aussi prévu devant le tribunal de Bab El Oued. «Comme toujours, il y aura un important dispositif de sécurité pour disperser les militants», ironise Yacine Zaïd.

Saïd Mekla