Impliqué dans une affaire de malversation en 2007, au profit de la société «Algerian Business Multimedia» ABM, Oultache Chouaib a été condamnée, hier, à une peine de sept ans ferme par le tribunal correctionnel de première instance de Sidi M’hamed (Alger).
Dhimi Youcef, ex-directeur de l’Administration générale de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), a été condamné à la même peine pour «dilapidation de deniers publics et trafic d’influence».
Mohamed Antri Bouzar, P-DG d’ABM et Toufik Sator, directeur général-adjoint d’ABM (gendre d’Oultache) ont écopé de six (6) ans de prison ferme chacun, alors que Chorfa Achour, Hafid Youcef et Yahiaoui Abdelmadjid, fonctionnaires à la DGSN, et Djeider Zerouk, directeur commercial d’ABM, ont écopé de cinq (5) ans de prison ferme.
Le tribunal de Sidi M’hamed a également prononcé une peine de quatre (4) de prison ferme à l’encontre de Daas Omar, Benchaabane Mohamed, Bouraouia Abdelhak, Boubekeur Abdelhalim, Boukhechna Amine, Abdelghafour Rachid, Kerker Samir, Nacef Abdelhakim, Abdelli Mohamed, Bouzid Rachid, Ghanem Fayez Mehdi, Laouali Djamila, Fettal Abdelhakim, Refis Hakim, Moussa Djamel et Ramdane Karim, tous fonctionnaires à la DGSN. Youcef Khodja Djamel, fonctionnaire à la DGSN a, quant à lui, écopé de trois (3) ans de prison ferme.
Lors de la dernière audience, tenue le 19 octobre dernier, la présidente du tribunal correctionnel de première instance de Sidi M’hamed avait annoncé que le verdict dans cette affaire dans laquelle sont poursuivis Oultache Chouaib, ancien chef de l’unité aérienne de la sûreté nationale et 24 autres inculpés, allait être prononcé le 9 novembre prochain (Ndlr : hier).
Le procureur de la République avait requis une peine de 10 années de prison à l’encontre des 25 inculpés accusés de passation de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics et trafic d’influence. Avant de fixer la date du verdict, la présidente du tribunal avait demandé aux inculpés qui ont nié tous les faits qui leur sont reprochés, de faire leurs dernières déclarations.
Le cinquième et dernier jour du procès avait été marqué par la plaidoirie des avocats qui ont estimé que l’accusation de dilapidation des deniers publics était «infondée», indiquant que les équipements informatiques faisant l’objet du marché se trouvent à la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et «fonctionnent normalement». Selon l’ordonnance de renvoi, les faits concernent la passation de marchés «douteux» portant sur des équipements informatiques entre la direction générale de la Sûreté nationale et la société ABM.
Il s’agit de deux marchés portant sur l’achat de 10.300 onduleurs électriques, 300 ordinateurs, 500 pc portables et 9.000 imprimantes. La société ABM a obtenu ce marché en février 2008. «Oultache Chouaib, selon l’accusation, a usé de son influence sur la commission d’évaluation technique des offres où il siégeait pour qu’elle choisisse la société ABM dans laquelle son gendre est actionnaire et également directeur général adjoint».
Au deuxième jour du procès, les membres la commission d’évaluation technique de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), présidée au moment des faits par Oultache Chouaib, avaient soutenu que le marché octroyé à la société «Algerian Business Multimedia» (ABM) en 2007, était conforme à la réglementation et à la législation en vigueur. Ils ont souligné que la société ABM a été retenue pour fournir à la DGSN du matériel informatique car elle remplissait toutes les conditions techniques et juridiques requises.
Un appel d’offres a été lancé sur les journaux nationaux concernant ce marché et des entreprises ont présenté leurs offres qui ont été examinées en «toute transparence», dans des salles équipées de caméras, ont souligné les membres de la commission précisant que les offres étaient affichées et le choix a été porté sur ABM sur la base de la compétence et compte tenu du montant proposé par rapport aux autres offres. A la question de savoir si le choix a été porté sur la société ABM en raison du lien de parenté de son directeur général adjoint avec le principal accusé, Oultache Chouaib, les membres de la commission ont affirmé ignorer ce fait, soulignant qu’Oultache ne leur avait pas demandé d’octroyer le marché à son gendre.
Pourtant un des attendus de l’arrêt de renvoi dispose qu’un des accusés, le commissaire Y. Abdelmadjid avait déclaré devant le juge d’instruction que «Oultache Chouaib a proposé que la société ABM soit retenue car selon lui le choix n’était pas contraire au code des marchés publics et une annulation du marché retarderait la concrétisation du programme de modernisation des services de la DGSN».
De son côté l’accusé Oultache Chouaib, a nié tous les faits qui lui sont reprochés dans l’affaire liée à la «passation de marchés douteux». Le prévenu a soutenu, en réponse aux questions de la présidente du tribunal que les deux marchés passés par la commission technique de la DGSN qu’il présidait, avec la société «Algerian Business Multimedia» (ABM) en 2007, étaient conformes aux lois et législations en vigueur en la matière.
Après être longuement revenu sur les réalisations accomplies avec les éléments de sa structure (co-accusés) dans le cadre du programme de modernisation des services de la Sûreté nationale, il a affirmé que son équipe avait introduit les technologies de pointe dans tous les services de la Sûreté, à travers le territoire national.
A une question du tribunal sur le choix, par la commission technique, de la société ABM sachant que son gendre en était actionnaire, il a affirmé ignorer ce fait, soulignant qu’il savait seulement que ce dernier était «le directeur général adjoint de la société».
Répondant à la demande de la défense sur le rapport de l’inspection générale de la Sûreté nationale qui a enquêté sur des marchés douteux, le prévenu a fait savoir que l’inspecteur général de la DGSN l’avait «convoqué dans son bureau» pour lui signifier que ce rapport le félicitait pour ses efforts continus et sa rigueur dans la mise en oeuvre du programme de modernisation des services de la Sûreté nationale. Il y a lieu de rappeler que Chouaib Oultache est accusé aussi dans l’affaire de l’assassinat, le 25 février 2010, de l’exdirecteur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi. La date du procès de cette affaire n’a pas encore été fixée.
Djamel Belaïfa