L’Assemblée populaire nationale a adopté hier à la majorité absolue la loi organique relative à l’information lors d’une séance plénière marathon de plus de quatre heures, présidée par Abdelaziz Ziari, président de l’APN, en présence du ministre de la Communication, Nacer Mehal, et du ministre des Relations avec le Parlement, Mahmoud Khedri.
Le texte de loi articulé autour de 132 articles a connu une vingtaine d’amendements à ses dispositions et qui a focalisé les discussions et alimenté toutes les suspicions avant et après son débat général, suivi par des sit-in et des manifestations de journalistes avant son adoption à une majorité absolue avec le pour des groupes du FLN, RND et des indépendants. Le groupe du MSP et des députés dissidents du RCD ont voté contre, le PT et les dissidents du MSP se sont abstenus alors que les cinq députés du Nahda se sont retirés en quittant l’assemblée.
S’exprimant à l’issue du vote, le ministre de la Communication a indiqué que l’adoption du projet de loi sur l’information est un aboutissement et une importante réalisation après des séances plénières de débats marathoniens et un parcours enrichissant du texte de loi. Cette adoption, a encore déclaré le ministre, va introduire beaucoup de nouveautés dans le paysage médiatique national à commencer par l’ouverture de l’audiovisuel au capital privé national, précisant que c’est une avancée qui s’inscrit dans le programme des réformes politiques initiées par le Président de la République, M. Ab- delaziz Bouteflika.
Il a, en outre, relevé que ces réformes visent à consolider la démarche démocratique et l’ouverture de nouveaux horizons dans l’exercice des libertés collectives et individuelles, comme elles témoignent de la dynamique politique et de l’engagement ferme et continu de placer l’Algérie dans le concert des pays démocratiques, respectueux des valeurs universelles des droits de l’homme, des libertés, dont la liberté d’expression, et respectueux des aspirations authentiques du peuple algérien.
Le ministre, qui a tenu à remercier les journalistes, les députés et les membres de la commission permanente de l’Assemblée pour le travail qu’ils ont accompli et pour l’esprit d’ouverture et de critique ayant dominé les débats, a soutenu que les efforts de l’ensemble convergent vers un seul et même but, celui d’apporter une nouveauté à l’édifice législatif pour consacrer les réformes politiques.
Car selon le premier responsable du secteur, il est question, à travers toutes ces réformes, de donner à l’Algérie les fondements législatifs et juridiques pouvant lui per- mettre de consolider l’exercice de la démocratie, du respect des droits humains fondamentaux, de l’élargissement et de l’approfondissement des libertés constitutionnelles. Les travaux reprendront aujourd’hui et seront consacrés aux réponses à six questions orales adressées à trois membres du gouvernement.
Houria A.
Nacer Mehal : “La loi sur l’information introduit beaucoup de nouveautés dans le paysage médiatique”
L’adoption du projet de loi organique relatif à l’information va introduire «beaucoup de nouveautés» dans le paysage médiatique national, a indiqué hier le ministre de la Communication, M. Nacer Mehal. Intervenant à l’Assemblée populaire nationale (APN) après le vote du projet, M. Mehal a qualifié ce texte de loi d’«important» en ce qu’il introduit «beaucoup de nouveautés dans le paysage médiatique national, à commencer par l’ouverture de l’audiovisuel au capital privé national». «Cette avancée est à inscrire au programme des réformes politiques initiées par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika», a-t-il souligné, relevant que ces réformes «tendent à consolider la démarche démocratique et l’ouverture de nouveaux horizons dans l’exercice des libertés collectives et individuelles». Pour le ministre de la Communication, cette «dynamique politique» témoigne d’un «engagement ferme et continu» destiné à placer l’Algérie dans le concert des pays démocratiques, «respectueux des valeurs universelles des droits de l’homme, des libertés, dont la liberté d’expression, et respectueux des aspirations authentiques du peuple algérien». Tout en remerciant les députés et la commission spécialisée de l’APN pour le travail accompli et pour «l’esprit d’ouverture et de critique» ayant empreint le débat, M. Mehal a estimé que ce travail converge vers un seul but, à savoir «apporter une nouveauté à l’édifice législatif pour consacrer les réformes politiques».
Il s’agit également, selon le ministre de la Communication, de faire en sorte que l’Algérie avance vers la démocratie, le respect des droits humains fondamentaux, l’élargissement et l’approfondissement des libertés constitutionnelles.
Ils ont dit
Mustapha Berraf, député RND et 1er vice-président des comités olympiques africains
“Le salaire est laissé à l’appréciation du gouvernement pour assurer la dignité du journaliste”
«La plupart des priorités ont été prises en charge par la commission, en étroite collaboration avec le ministre de la Communication. Néanmoins, un aspect primordial, concernant les salaires et les moyens de subsistance des journalistes, a été occulté. Je crois savoir que cette question a été laissée à l’appréciation du gouvernement et que les autorités supérieures sont conscientes de la nécessité du minimum qui permette aux journalistes de vivre dans la dignité, de manière à exercer leur profession selon les normes et standards universels et ainsi œuvrer à l’approfondissement des réformes politiques globales engagées par le Président de la République».
Hocine Khaldoun, député FLN, ancien président de la commission juridique de l’Assemblée
“Une nouvelle étape à entreprendre graduellement pour ne pas retomber dans les erreurs de 1990”
«La présente loi qui devrait remédier aux lacunes de la loi 90-07, vient dans un contexte qui impose comme tout processus de réformes et d’ouverture au pluralisme politique et à la liberté de la presse et d’expression ses aspects positifs et négatifs. Malheureusement, toutes ces projections ont été contrariées par le contexte de la tragédie nationale qui a imposé l’état d’urgence avec le souci de sauvegarder la République et ses institutions. Les années 1992 et 1993 ont vu la libération de la presse et la prise en charge, par l’Etat, de la situation sécuritaire et professionnelle des journalistes. D’autres acquis que nul ne songerait à remettre en cause ont été arrachés par la corporation avec, notamment, le bénéfice d’un certain nombre de mois de salaires pour le lancement de nouveaux titres, à l’instar de la création des partis politiques. Et l’expérience a connu une certaine réussite. Aussi la loi qui vient d’être adoptée peut-elle être considérée comme une nouvelle étape dans l’application des réformes politiques, à l’instar des autres changements introduits au niveau des codes de la commune, de la wilaya, du régime électoral, des partis politiques. Le législateur algérien inscrit cette évolution remarquable dans le cadre de l’amélioration de la législation antérieure, tout en prenant en charge les lacunes. Autrement dit, une évaluation de deux décennies d’expérience. Nous ne disons pas que tout est parfait mais il y a une volonté politique, une réalité. Et puis ce ne sont pas les articles ou les lois qui vont régler la situation. C’est une culture à installer progressivement et sûrement pour aller vers une plus grande professionnalisation, un statut, une carte professionnelle, la garantie de l’accès aux sources d’information, et une lutte contre la rétention de l’information. En d’autres termes, ce sont autant de mesures pour libérer le journaliste et définir les responsabilités. L’ouverture de l’audiovisuel est un projet sensible. Nous sommes tous en sa faveur mais sans retomber dans les travers des années1990. Il faut aller doucement vers l’ouverture du secteur afin de lui garantir toutes les conditions de succès et de réussite».
Propos recueillis par H. A.