Quel scénario pour El Gueddafi, la mort peu glorieuse de Saddam Hussein, ou le sort, tout aussi peu enviable, de «mort-vivant» du Mollah Omar?
Jusqu’où comptent aller les Occidentaux dans leur soutien au CNT
Après l’Afghanistan (…) l’Irak qui ont tourné à la guerre d’usure, El Gueddafi va-t-il à son tour mettre en application les scénarii Al Qaîda et taliban? C’est l’impression qui semble prévaloir après le chute de Tripoli. D’où la question: jusqu’où comptent aller les Occidentaux dans leur soutien à la démocratie? Une vision claire et illustrée du devenir de ce pays semble avoir été tracée, comme ce fut le cas pour les autres régimes déchus grâce à une intervention (diplomatique et/ou armée) de l’Occident! A en croire les propos des nouveaux «dirigeants» de Libye, ceux-ci promettent la mise en place et l’établissement, à l’instar de ce qui se passe dans les grandes démocraties, d’une démocratie participative en droite ligne avec le respect des droits de l’hommes. Voilà ce que prônent, grosso modo, les responsables de la «nouvelle Libye». C’est tout à leur honneur. Mais il ne faut pas perdre de vue les intérêts de l’Occident dans cette affaire: la reconstruction du pays, après avoir participé et contribué à la destruction de la Libye.
Au sein de l’Otan, le porte-parole de l’opération «Protecteur unifié» a déclaré hier ne pas disposer d’informations sur le sort de l’ancien «Guide» libyen, visé par un mandat d’arrêt international émis par la CPI et un avis de recherche international après la diffusion d’une «notice rouge» par Interpol. «Nous ne savons franchement pas s’il a quitté le pays», a déclaré le colonel Roland Lavoie lors d’un point de presse hebdomadaire sur la situation libyenne. Lors de la chute de Tripoli et aprés les interrogations posées par les dirigeants des différents pays et la presse internationale concernant les dispositions à prendre dans la chasse ouverte à l’homme, celle du «colonel El Gueddafi» l’Otan avait déclaré que, décider du sort du dirigeant libyen déchu ne faisait pas partie de ses prérogatives. Les responsables de l’Alliance atlantique ont d’ailleurs jeté la première pierre à la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis un mandat d’arrêt contre l’ex-dirigeant libyen, avant d’en faire de même avec Interpol qui a émis, pour sa part, un avis de recherche international après la diffusion d’une «notice rouge». Pourquoi se voiler la face? Faut-il rappeler que les membres, et en particulier les décideurs de tous ces organes internationaux sont composés majoritairement des mêmes pays? Prôné par l’Otan ou par Interpol, mis à part le statut juridique de ces deux organisations internationales, c’est du pareil au même. Au final, annoncé par l’une ou l’autre, le constat s’impose de lui-même. L’un des buts -non dévoilé mais noté par les faits- des Occidentaux était de faire tomber El Gueddafi.
Se déclarant désintéressé et seulement soucieux de «protéger les civiles» d’un conflit interne, dans le cadre d’une intervention, où plutôt d’une ingérence, à des fins «humanitaires», la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Italie (…) ont modelé puis permis, avec l’aval des Nations unies-, de porter un soutien aérien aux ex-rebelles. Pour quel objectif luttaient-ils au fait? Pour la démocratie où pour l’élimination d’El Gueddafi? La question reste posée. Un intérêt qui a poussé ces puissances, dès que l’occasion s’est présentée, à entamer des négociations avec les nouveaux dirigeants, dans les différents secteurs, notamment, l’exploitation et la distribution du pétrole libyen. D’autres secteurs de reconstruction du chaos engendré par la guerre sont aussi de mise. Notons que l’Otan a frappé large n’omettant ni villes ni villages. Pour que, le, compte soit bon? Une première réponse semble donnée par la course aux contrats de gros marchés qui a déjà commencé. C’est à coups de millions de dollars que le pari sera relevé. Un marché juteux, surtout que l’enveloppe des avoirs libyens à l’étranger oscille entre 150 et 170 milliards de dollars, une cagnotte qui fait saliver plus d’un et permet de considérer la Libye comme une belle «vache» à traire. Alors, pourquoi parler d’aide à la reconstruction de la Libye, en sachant que l’ONU devrait libérer ces fonds une fois la situation stabilisée en Libye? La Libye se reconstruira d’elle-même, avec son propre argent. Nul besoin de la charité des Occidentaux, et ils le savent fort bien.
C’est juste un jeu de mots, qui sert à masquer une vérité a tout le moins évidente. Effectivement, c’est la course aux marchés qui intéresse le plus les défenseurs de la «liberté», qui cherchent à mettre leurs griffes à coups de services rendus -reconnaissance du CNT, soutien aérien aux rebelles sur le terrain, dégel des avoirs libyens (…)- Sûr, le voile n’est pas encore levé sur cette rébellion de la quarante-huitième heure.