« Dans les accords, nous avions mentionné une base d’expériences scientifiques. C’est un euphémisme utilisé sciemment », a souligné M. Malek dans un entretien accordé à l’APS à la veille du 50 e anniversaire des Accords d’Evian, expliquant, à ce sujet, que « dans l’annexe de ces accords relative aux questions militaires, il existe des dispositions qui disent clairement que tout dommage provoqué par l’armée française doit être pris en considération et pris en charge par le gouvernement français ». Pour M. Malek, à partir de cette disposition, il apparait clairement que la « responsabilité historique » de la France sur les dégâts occasionnés par ses essais nucléaires sur les personnes et la nature « est engagée », ajoutant qu’il est « légitime » que les Algériens exigent de la France des réparations.
Il a toutefois justifié le fait que la partie algérienne avait toléré que la France gardait les sites de Reggane et Hammaguir, pour une période de 5 ans, en avançant l’idée selon laquelle le GPRA « avait réussi à arracher la reconnaissance par la France de la souveraineté algérienne sur le Sahara ».
La délégation du GPRA, a-t-il expliqué, savait que de Gaulle voulait gagner du temps, en menaçant de rompre carrément les négociations, à cause de ces bases militaires que « la France voulait garder sous son contrôle ». Il s’agissait d’une « grande » négociation au cours de laquelle le GPRA avait accepté une présence française à Reggane et Hammaguir de cinq ans. « La France a quitté ces sites avant l’expiration de la durée initiale », a-t-il précisé. « A partir du moment où la France avait tenté de faire exploser une bombe nucléaire après l’indépendance, nous avions protesté et le Nigeria, un grand pays africain, avait rompu ses relations avec la France », a-t-il, en outre, rappelé.
D’ailleurs, a-t-il ajouté, c’est cette affaire qui avait précipité le départ des Français de Reggane avant même l’expiration de la durée de leur présence comme c’est stipulé dans les Accords d’Evian.
Pour le porte-parole de la délégation algérienne à Evian, « Il y avait des compromis à obtenir pour faire avancer les choses et il y avait la question de la souveraineté qu’il fallait continuer à défendre ».
« Après l’indépendance, nous avons passé notre temps à travailler pour dépasser les séquelles de la colonisation », a souligné M. Malek qui a estimé qu’une fois que l’Algérie avait installé son Etat, « il était plus facile pour elle de nationaliser son pétrole, les banques et les mines ».
C’est ainsi qu’il a considéré que ce sont ces nationalisations qui avaient permis à l’Algérie d’asseoir sa souveraineté sur le plan économique et social.
Par : Lakhdari Brahim