Les jeunes Algériens manifestent contre la hausse du coût de la vie depuis mercredi. En arrière plan, le chômage et la frustration d’une jeunesse malmenée.
Les émeutes lancées en Algérie par des groupes de jeunes contre la cherté de la vie ont repris ce vendredi et se sont étendues à une dizaine de départements. Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se sont produits à Alger, notamment dans le quartier populaire de Belouizdad, où des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse.
A Annaba, ville de l’est du pays épargnée jusqu’à présent par la contestation, de violents incident ont éclaté après la grande prière du vendredi dans le quartier populaire dit « gazomètre ».
A Oran, la grande métropole de l’ouest algérien, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi soir, les échauffourées ont repris vendredi après-midi dans la quartier du Petit-Lac, à quelque 2 km de la ville.

Des affrontements entre les forces de l’ordre et les jeunes se sont également produits à Tizi Ouzou (Kabylie) selon El-Watan.
« Le pays connaît une série d’émeutes qui rappellent curieusement Octobre 88 »
Les manifestations qui ont commencé mercredi soir avaient repris jeudi en fin d’après midi et gagné en violence. Aucun bilan de victime n’a été communiqué de source officielle. « Le pays connaît une série d’émeutes qui rappellent curieusement Octobre 88 » rapporte El-Watan, faisant . « La soudaine hausse des produits de première nécessité et le sentiment de hogra ont mis le feu aux poudres. Face au silence des autorités – et des médias gouvernementaux – les émeutes se propagent et font déjà plusieurs blessés ».
Vendredi matin, jour de repos hebdomadaire, les rues avaient retrouvé leur aspect quotidien après avoir été nettoyées, les véhicules incendiés la veille ayant été enlevés. Toutefois, la police entourait les mosquées des quartiers sensibles de la capitale, craigant la reprise des manifestations après la prière du vendredi.
Par ailleurs, la Ligue algérienne de football a annoncé, que tous les match de football du championnat d’Algérie de première division, qui devaient se disputer vendredi et samedi, ont été reportés.
Le centre-ville vide de voitures
De nombreux quartiers d’Alger aveient été touchés par les manifestations jeudi dans le centre et la périphérie, amenant nombre de commerces à baisser leurs rideaux dès le début de l’après-midi; le centre-ville était vide de voitures en début de soirée mais bondé de jeunes gens.
Le quartier d’El Biar situé sur les hauteurs a été pris d’assaut par une quarantaine de jeunes armés de sabres qui se sont attaqués à de nombreuses boutiques en début de soirée.
Le quartier populaire de Bab el Oued connaissait pour la seconde nuit consécutive d’importantes manifestations. La police lourdement armée et venue en nombre dans cette zone très densément peuplée, a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Crise sociale
Ces manifestations font échos à de nombreux mouvements de protestation dénonçant la corruption, les passe-droits, et l’absence de logements sociaux, un des problèmes cruciaux de l’Algérie, pays où 75% de la population a moins de 30 ans et où plus de 20% des jeunes sont chômeurs, selon le FMI.
Cette situation les ammène à tenter defuir vers l’Europe. Faute de visas, ils partent à bord d’embarcations de fortune au risque de leur vie. Tous les mois, les tentatives de dizaines d’entre eux échouent mais il n’existe pas de statistiques fiables sur cette émigration.
La question du logement est également récurrente. A l’aube de son troisième mandat, en 2009, le président Abdelaziz Bouteflika s’était engagé à construire un million d’appartements manquants depuis le séisme de 2003 et le quadruplement de la population (35,6 millions d’habitants) depuis l’indépendance en 1962. les 10.000 habitations livrées en 2010 à Alger sont loin de suffire. Dans le même temps, des bidonvilles illégaux sont rasés.