C’est dans un véritable bourbier que le ministre de l’Education nationale s’est jeté ces derniers jours en essayant de faire porter le chapeau aux syndicalistes du Cnapest concernant la grève illimitée déclenchée depuis le 7 octobre dernier et dont les élèves payent aujourd’hui cash les conséquences.
Le ministre de l’Education Abdelatif Baba Ahmed, plutôt que de tempérer les ardeurs et calmer les esprits, s’est lancé dans un véritable bras de fer avec le Cnapest en allant, après une courte rencontre samedi dernier, jusqu’à accuser ce syndicat de prendre en otage l’avenir des centaines de milliers d’élèves en plaçant leurs intérêts personnels avant toute autre chose.
Le ministre, comme pour attiser le feu au lieu de l’éteindre, a agité la menace des ponctions sur salaire et ce, après avoir refusé carrément de prendre en charge le cas du syndicaliste de Bouira, radié à vie du corps pour «faute pédagogique grave».
En fait, selon les syndicalistes du Cnapest qui ont rappelé la réponse faite au ministre sur le coup, c’est-àdire sur la table des négociations, aucun rapport ne mentionne, ni de près ni de loin, une quelconque faute pédagogique grave.
La réalité est que le syndicaliste en question est victime d’une véritable cabale montée contre lui et, par ricochet, contre le Cnapest pour avoir dénoncé et mis à nu certaines pratiques malsaines qui se faisaient au niveau du lycée El Mokrani d’Aïn Bessem, où il exerçait.
Le syndicaliste Laïdi a eu peut-être le tort d’avoir dénoncé la falsification de 90 bulletins de notes s’apparentant à des élèves exclus qui ont eu le «privilège» du proviseur qui a gonflé leurs notes et les a mutés dans un autre lycée.
Ces falsifications à grande échelle reconnues selon le Cnapest de Bouira par son DE en personne, n’ont pas été pardonnées au professeur et syndicaliste Laïdi.
Ce dernier a fait l’objet de plusieurs menaces allant jusqu’à des agressions, avant de se voir, après l’envoi d’une commission ministérielle dépêchée au lycée El Mokrani, traduit devant le conseil de discipline par le DE sur la base du rapport de cette commission qui n’a pas jugé utile de l’entendre en tant que principal protagoniste dans l’affaire.
Un conseil de discipline a eu lieu après plusieurs reports et en l’absence des représentants des enseignants et a pris la décision de le radier du corps de l’enseignement.
Pour le Cnapest, le syndicaliste Laïdi Mohamed, membre du conseil national et du conseil de wilaya de Bouira, accepter une telle décision et taire un tel abus, signera la fin du syndicalisme en Algérie.
Aussi, et tout en rappelant les vices de procédure et les atteintes aux lois syndicales notamment la 90/14 dans ses articles 53, 54, 55, le Cnapest réitère sa principale revendication de réintégration immédiate du syndicaliste à son poste, et l’ouverture d’un véritable dialogue autour de la plateforme de revendications du Cnapest avec un calendrier d’exécution.
«Ce n’est qu’à ce titre que le Cnapest pourra parler de reprise des cours. Tout autre chantage, toutes autres tergiversations, ne feront que retarder cette reprise», rappelle le Cnapest de Bouira.
Y. Y.