Aux yeux des universitaires qui ont pris part, hier, à la journée d’étude sur “La gestion des risques bancaires en Algérie”, le système financier algérien, en général, et le système bancaire, en particulier, sont encore très fragiles, et ce, en dépit des actions menées par la Banque d’Algérie pour améliorer sa solidité.
À l’issue d’un exposé intitulé “Le système bancaire algérien face aux risques”, l’universitaire Benzegane Souhila a conclu que “malgré les réformes engagées, le système bancaire algérien demeure peu développé, réprimé et constitue un obstacle à la croissance”. Pour sortir de cette situation, l’oratrice a mis l’accent sur la nécessité pour les banques publiques d’adopter des comportements productifs et performants en agissant en fonction des besoins des clients et de l’économie, et non en fonction des injonctions de l’État. Analysant la situation, Mlle Benzegane a expliqué que l’Algérie ne fait pas exception parmi les pays en développement où le secteur bancaire occupe une place prépondérante dans le financement de l’économie et constitue la pierre angulaire du système financier. Décortiquant ses caractéristiques, la même universitaire a souligné que le système bancaire algérien est caractérisé justement par un monopole sur le financement de l’économie nationale qui est d’un taux de 99%. Le marché financier, quant à lui, ne participe qu’à hauteur de 1%, soit un taux très faible, a-t-elle précisé. Pour elle, cette faiblesse est due au fait que 95% des entreprises privées en Algérie sont des Sarl et des Eurl qui ne peuvent pas êtres cotées en Bourse.
La transparence exigée par les marchés financiers, l’absence de la culture managériale, auquelles s’ajoute le syndrome Khalifa qui a rendu l’investisseur algérien rétif à financer des entreprises privées n’incitent pas, dit-elle, les entreprises à s’introduire en Bourse. Une Bourse qui ne fonctionne d’ailleurs qu’avec quatre entreprises. Parmi les caractéristiques qui maintiennent le système bancaire algérien dans sa vulnérabilité, Souhila Benzegane cite également le monopole des banques publiques qui, au nombre de six, assurent 90% de l’économie algérienne, ne laissant, ainsi, aucune chance au jeu de concurrence sur la place. Ces banques sont, a-t-elle noté, de surcroît en situation de surliquidités engendrée par les dépôts du secteur des hydrocarbures, l’augmentation de la collecte de l’épargne et le rachat par le Trésor public des créances non performantes détenues par les banques publiques. En plus de ces caractéristiques, l’oratrice a rajouté une série de nouveaux risques nés du syndrome de la mesure gouvernementale en faveur des agriculteurs, qui fait qu’aujourd’hui les débiteurs sont de moins en moins enclins à payer leurs traites en espérant toujours un éventuel effacement des dettes par l’État. Le retour de la pratique de la spécialisation bancaire n’est également pas de nature à rendre le système bancaire moins fragile, mais plutôt l’éloigne des standards internationaux, a-t-elle encore ajouté, en citant, en plus de la BEA déjà considérée comme la banque de Sonatrach, la transformation actuelle du CPA en banque du logement et la Cnep en banque de Sonelgaz en lui accordant 90% de ses crédits d’investissement, qui étaient, par exemple, de 343 milliards de dinars en 2012.
S L