Pourquoi le poisson est-il si cher et rare ?

Pourquoi le poisson est-il si cher et rare ?

Pourtant «le gouvernement algérien s’est engagé à développer les secteurs halieutiques et de l’aquaculture d’une façon durable ainsi que la promotion des filières de la pêche et de l’aquaculture pour un meilleur équilibre assurant ainsi la protection de l’écosystème marin et la préservation des populations de poissons sauvages», avaient déclaré les représentants du ministère de la Pêche lors d’une conférence d’information dans le cadre du «Plan aquapêche 2020» sur le rôle de l’investissement dans le domaine de l’aquaculture.

Ce fut à ce titre qu’il avait été recommandé de réglementer le nombre de sorties quotidiennes en mer pour les chalutiers, d’instaurer une période d’arrêt biologique pour la pêche continentale, d’encourager la création d’écloseries d’eau douce au niveau local par des promoteurs privés et enfin de réaliser un plan d’aménagement des pêcheries.

En marge de ces recommandations, d’autres mesures furent préconisées, notamment lutter contre la pêche illicite, appliquer des plans d’amarrages, promouvoir la réhabilitation de la flottille vétuste, promouvoir l’aquaculture intégrée à l’agriculture, régler le conflit avec la flottille de plaisance, encourager l’industrie de transformation de produits de pêche, mettre à la disposition des armateurs des cartes marines, réglementer la pêche de la sardine par les chalutiers, prendre en considération le problème d’envasement et de pollution des sites destinés à la pêche continentale, lutter contre la pollution des ports et du milieu marin, réglementer la pêche récréative.

Cependant, on s’interroge, si l’ensemble de ces mesures contribueront à rendre le poisson accessible aux ménages ?

Précisons à l’attention de nos lecteurs que la wilaya de Tipasa, dispose d’une flottille de 722 bateaux, soit 15% de la flottille de pêche nationale qui est de 4 720 bateaux. Tipasa, dispose de 443 petits métiers, 193 sardiniers,79 chalutiers et près de 10 thoniers avec une future dotation.

Cela étant, pour une biomasse nationale disponible de 83 000 tonnes dont 100 000 tonnes de produits exploitables en pêche, la capacité de pêche, supérieure à 120 000 tonnes est acceptable, c’est-à-dire que les 4 720 bateaux algériens peuvent pêcher sans surexploiter la biomasse existante.

La flottille de la wilaya de Tipasa pêche annuellement 8 500 tonnes de poissons, soit 8,33% de la capacité nationale pêchée qui est de 101 948 tonnes.

La capacité de 8 500 tonnes pêchée annuellement est essentiellement constituée de petits poissons pélagiques, c’est-à-dire la sardine, la sardinelle, anchois et maquereau (7 400 tonnes), mais aussi en démersaux (680 tonnes/an), et 255 tonnes de crustacés, et 170 tonnes/an de mollusques.

Les cinq ports de pêche existants dans la wilaya de Tipasa, constituent pourtant 15% de la flottille nationale avec le port de Cherchell, qui dispose de 203 bateaux, produisant en sus 7 000 tonnes de poissons annuellement, et il y a aussi le port de Gouraya qui dispose de 106 bateaux de pêche produisant 3 000 tonnes de poissons/an. A ce potentiel, il y a le port de Khemisti, avec 102 bateaux, le port de Bou Haroun avec 240 bateaux produisant 7 500 tonnes/an et le port de Tipasa avec 63 bateaux, produisant annuellement 400 tonnes de poissons.

Certains professionnels donnent d’autres explications à ce problème de la rareté et de la cherté du poisson et parlant de la sardine, en affirmant «Aujourd’hui, la sardine pilchardus, la vraie, se vend sur les marchés entre 400 et 600 DA le kilo contre 100 DA il y avait encore quelques années. Les sardiniers qui la traquent en vain se rabattent sur la latcha et la latchidere, ses cousines plus grasses avec un moindre goût, vendues illégalement comme étant de la sardine parfois jusqu’à 450 DA/kg.

Mais selon d’autres armateurs de Tipasa, la raréfaction du poisson national serait à l’origine de sa cherté, mais aussi par le fait que la flotille professionnelle a quadruplé entre 1980 à 2017, en passant de 1 200 unités en 1980 pour atteindre prés de 5 000 unités en 2017. Le nombre de sardiniers est passé à Tipasa de 500 unités en 1980 pour atteindre 1 500 unités en 2015. Les petits métiers sont passés de 650 unités en 1980 pour atteindre plus de 3 500 unités en 2015. Quant aux chalutiers, ils étaient au nombre de 200 unités en 1980 pour atteindre 800 unités en 2015.

La quantité de poissons pêchée au niveau national en 1960 était de 25 000 tonnes pour atteindre 200 000 tonnes en 2015, malgré une surexploitation nationale dans les années 2000 en matière de sparidés (bogues, pagres, sars, daurades) et en matière de carangidés (démersaux, chalutés), cela sans parler de la crevette et les peneides rouges et blanches ,qui sont en nette surexploitation, notamment à Béjaïa, révèle le constat du Centre algérien du Plan aquapêche 2020. En d’autres termes, le poisson et la sardine de qualité n’ont pas déserté les eaux algériennes.

On nous révèle cependant que c’est la «latcha», qui s’impose tandis qu’on nous affirme que c’est la pression de la pêche et de la pollution qui sont les autres raisons qui contribuent à cette raréfaction du poisson. Le problème environnemental affecte gravement la sardine et tous les petits pélagiques qui sont très sensibles aux changements environnementaux, et aux bouleversements climatiques.

Houari Larbi