Pourquoi le nom de domaine «.dz» ne fait pas recette sur le Net

Pourquoi le nom de domaine «.dz» ne fait pas recette sur le Net

A la mi-février 2013, le nom de domaine algérien « .dz » comptait 4667 sites Web, soit dix fois moins que le « .ma » marocain et près de cinq fois moins que le « .tn » tunisien. Le rythme des enregistrements sous le nom de domaine algérien est très lent. A peine 520 nouveaux sites « .dz » en neuf mois. Les raisons de cette désaffection sont à chercher dans les conditions d’attribution du « .dz », largement plus restrictives que chez les voisins maghrébins.

En voulant lancer un ambitieux projet sur le Net, un groupe de passionnés des TIC dont des étudiants, s’est trouvé face à un dilemme : devoir enregistrer le site Internet sous un autre nom de domaine que le « .dz ». Le « .org » fera l’affaire. La raison de ce choix imposé est que la réglementation en matière d’enregistrement du nom de domaine algérien exige une existence légale (agrément ou registre de commerce), et ne permet pas à des personnes physiques d’inscrire leurs sites Web en « .dz ». Le projet en question est une plateforme Open Data (www.opendatadz.org), dont le but est de « rendre des données numériques » publiques (statistiques, cartographie, données économiques et financières…) « accessibles et utilisables par tous ». Cette politique d’enregistrement sur la toile nationale explique que sur les quelques 10.000 sites Web algériens, la moitié n’est pas enregistrée en « .dz » mais sous d’autres noms de domaines. Selon WebHosting.info, l’Algérie compte 4500 sites Web enregistrés sous des noms de domaines autres que « .dz ». Pas moins de 3470 sites sont en « .com » (plus de 77%). Le millier de sites restants est réparti comme suit : 555 (12%) en « .net », 206 sous « .org », 99 en « .info » et 34 en « .biz ».

La charte de nommage algérienne (mise à jour en janvier 2012) permet huit possibilités, selon le « Network Internet Center .DZ ». Outre le domaine de premier niveau « .dz », les sept autres sous domaines sont : « com.dz » pour les « entités commerciales », « gov.dz » pour les « entités gouvernementales », « org.dz » pour les « organisations non gouvernementales et non commerciales », « edu.dz » pour les « entités de l’enseignement, de la formation et de l’éducation », « asso.dz » pour « les associations agréées », « pol.dz » pour les parties politiques, « art.dz » pour les « professions artistiques », et « net.dz » pour les « entités activant dans le domaine d’Internet ». Il est clairement spécifié que « seules les entités établies » (en Algérie), « ayant une représentation légale dans le pays » ou « disposant d’un document justifiant les droits de propriété de nom en Algérie », « peuvent se faire attribuer un nom de domaine sous le domaine .dz ». Le dossier de « demande d’enregistrement » doit comprendre « une pièce justificative pour la demande du nom de domaine », « une copie du registre de commerce » ou « une copie du dépôt de marque chez l’INAPI ou l’OMPI » ou « une copie du décret officiel de création de l’entité ».

Plus de flexibilité au Maroc et en Tunisie

Au Maroc et en Tunisie, les possibilités de nommage sont non seulement bien plus grandes, mais permettent aussi la création de sites Web dont les propriétaires sont des personnes physiques. Outre les 18.919 sites répertoriés par WebHosting.info, dont près de 78% sont des « .com » et 12% des « .net », le Maroc compte 43.354 sites se terminant avec l’extension « .ma ». Parmi eux, 37.827 « .ma » (uniquement), 2.501 « co.ma » (organismes à caractère commercial), 873 en « net.ma » (prestataires de services internet), 582 « ac.ma » (académies et établissements d’enseignement), 679 « org.ma » (organisations et associations), 498 « gov.ma » (organismes gouvernementaux), et 394 « press.ma » pour les publications de presse. Selon la décision de l’ANRT, de 2008, une « personne physique » (particulier) peut demander l’enregistrement d’un site Web sous « .ma ».

En Tunisie, il existe 19 sous-extensions en plus du « .tn », avec une possibilité explicite de créer des sites personnels. Parmi les sous-extensions on note : « .com.tn » (sociétés à caractère commercial), « .org.tn » (ONG, associations…), « nat.tn » (sociétés, offices et agences), « .tourism.tn », « .info.tn », « .ens.tn » (établissements privés de l’enseignement), « .fin.tn » (finances), « .net.tn » (opérateurs TIC), « .perso.tn » (personnes physiques), et « .gov.tn » (ministères, gouvernorats…). La Tunisie compte, au 17 février 2013, quelque 18.063 noms de domaines « .tn ». Plus de la moitié (55%) sont en « .tn » (9982). Les sociétés commerciales « com.tn » représentent 31,84% soit 5751 sites. Le nom de domaine en arabe (Tounes) compte 484 sites. WebHosting.info dénombre également plus de 5800 sites tunisiens, inscrits pour la plupart (86%) sous le nom de domaine « .com ».

Forte consommation de la bande passante internationale

La politique d’encouragement à l’inscription en « .dz » a visiblement manqué ses objectifs. Les chiffres sont là pour le démontrer. Plus de la moitié des sites algériens ne sont pas sous le nom de domaine national. Et ceux qui sont inscrits en « .dz » sont, pour une bonne partie, hébergés à l’étranger. Hormis celui de la radio nationale, aucun site d’organe d’information, pas même celui de l’ENTV (pourtant en .dz) n’est hébergé en Algérie. Les rares entreprises algériennes, publiques ou privées, qui ont une vitrine sur la toile, hébergent pour plupart leurs sites Web à l’étranger, comme c’est le cas de Sonatrach. Les sous-extensions en « .dz » (edu, asso, et org) ne sont pas utilisées par toutes les institutions ou organismes liés. Il n’existe pratiquement aucun site d’association algérienne en « asso.dz ». Le réseau Nada pour la défense des droits de l’enfant, comme les Scouts musulmans algériens, ont choisi le « .org » alors qu’il existe un « org.dz ». Hormis ceux du FLN et du FNA qui sont en « .dz », tous les sites Web de partis politiques algériens sont inscrits en « .com », « .org » ou « .net ». Mais aucun n’utilise la sous-extension « pol.dz » réservée à cet effet par Network Internet Center .DZ, l’organe agréé par l’ICANN pour la gestion de la liste des domaines nationaux de premier niveau (ccTLD) « .dz » relatif à l’Algérie.