Pourquoi le gaspillage du pain nuit gravement à la santé publique ?

Pourquoi le gaspillage du pain nuit gravement à la santé publique ?

Près de 10 tonnes de pain ont été jetés par les Algériens durant les 10 premiers jours du mois de ramadan. Les chiffres indiquent également que 2 millions de baguettes de pain sont jetées chaque jour en Algérie, depuis le début de ce mois de jeûne, qui est censé être une période marquée par le sens de la sagesse et de la retenue.

Mais au-delà du fait que ce gaspillage de pain soit un problème lié au civisme du citoyen Algérien, le phénomène peut également être la source d’un grave et véritable péril pour la santé publique. C’est en tous les cas ce que pense le Pr Bouziani, professeur d’épidémiologie à la faculté de médecine d’Oran, qui a livré ses inquiétudes à nos confrères du quotidien El Watan.

Selon le Pr Bouzidi, le pain qui est jetée à même le sol, que cela soit dans des sachets en plastique ou non, peut affecter « directement ou de façon indirecte », la santé de chacun de nous. Le professeur tire même la sonnette d’alarme en déclarant que la situation peut devenir « un péril grave pour la santé publique ».

Une fois que le pain jeté est souillé et mélangé aux autres restes de nourriture, il ne tarde pas à se transformer en des aliments avariés qui sont, selon le Pr Bouzidi, « très putrescibles, et représentent des sources de pollution et de nuisances importantes pour notre population et l’environnement, en raison de leur nuisibilité et toxicité ». Le professeur ajoute également que « ces déchets organiques constituent un milieu de culture très riche pour de grandes variétés de parasites et d’agents pathogènes ».

Quel sont les risques sur le citoyen ?

Le premier risque qui résulte du gaspillage du pain selon le Pr Bouzidi est la multiplication d’agents pathogènes « qui pullulent dans ces déchets et entraînent plusieurs pathologies, dont beaucoup de nos concitoyens en sont atteints ». En effet, le professeur en épidémiologie cite les parasitoses intestinales qui touchent déjà la moitié des enfants algériens, mais aussi les hépatites infectieuses, les salmonelloses et d’autres maladies à transmission hydrique.

La deuxième conséquence du gaspillage du pain serait, d’après le professeur Bouzidi, liée à la multiplication des mouches et des moustiques. Ces derniers, fortement représentés par culex urbains, et par les moustiques tigre, sont une source de nuisances, d’incommodités, d’allergies et d’affections cutanées.

Mais le gaspillage de pain serait aussi responsable, selon ce professeur à l’université d’Oran, de l’existence  « d’insectes dénommés phlébotomes, qui pullulent sur les déchets ménagers et entraînent des dizaines de cas de leishmaniose ». La leishmaniose, rappelons le, inquiète au plus haut point à Bir Al Ater, dans la wilaya de Tébessa.

Pour conclure, le professeur Bouzidi évoque un autre risque sur la santé du citoyen et qui n’est pas des moindres. Il s’agit de la prolifération des rats. Selon le Pr Bouzidi, les rats peuvent transmettre le typhus et la peste par leurs puces, mais aussi la salmonellose et la leptospirose via par leurs excréments. Les rats dont la reproduction devient intense grâce au gaspillage, envahissent les stocks des aliments, et en plus de provoquer des pertes économiques considérables, ils peuvent aussi transmettre leurs maladies.