Pourquoi la maladie d’Alzheimer se voit moins chez les femmes

Pourquoi la maladie d’Alzheimer se voit moins chez les femmes

Des chercheurs américains ont découvert une différence notable entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Les femmes gardent de meilleures compétences de mémoire, malgré les symptômes cliniques, ce qui le rend plus difficile à établir.

La maladie d’Alzheimer est une lente dégénérescence des neurones, qui débute au niveau de l’hippocampe puis s’étend au reste du cerveau. Selon l’Inserm, les femmes y seraient plus exposées : sur 25 malades, 10 sont des hommes et 15 des femmes. Une différence qui pourrait être liée aux écarts d’espérance de vie. Des chercheurs de l’American Academy of Neurology ont découvert une autre caractéristique qui toucherait uniquement les femmes : la perte de mémoire, première manifestation de la maladie, serait moins visible chez ces dernières.

Leur étude révèle en effet que les femmes peuvent faire la démonstration de meilleures compétences de mémoire verbale que les hommes, même si elles en sont au même stade de déclin cognitif. « Les femmes réussissent mieux que les hommes les tests de mémoire verbale pendant toute la vie, ce qui peut leur donner un tampon de protection contre la perte de leurs compétences de mémoire dans le stade précurseur de la maladie d’Alzheimer, connu sous le nom de déficience cognitive légère », a déclaré le Pr Erin E. Sundermann, le principal auteur de l’étude.

Une découverte qui peut faire progresser le diagnostic de la maladie

Une découverte importante car les tests de mémoire verbale sont utilisés pour diagnostiquer les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de déficience cognitive légère. « Donc les femmes pourraient ne pas être diagnostiquées, jusqu’à ce que la maladie n’arrive à un stade avancé », ajoute-t-il. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont fait appel à 254 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, 672 personnes atteintes de déficience cognitive légère et 390 personnes sans problème de mémoire, qui ont tous effectué un test de mémoire verbale.

Les participants ont également passé un scanner du cerveau pour voir si celui-ci métabolise bien le glucose, sa principale source d’énergie, dans le lobe temporal, la zone responsable de la mémoire. Plus ce taux est faible, plus le risque de dysfonctionnement des cellules du cerveau est important. Les femmes ont beaucoup mieux réussi que les hommes les tests de mémoire quand leur cerveau n’avait pas ou peu ce problème de métabolisation du glucose. Mais à un stade avancé de la maladie, chez les participants chez qui ce problème se manifestait, il n’y avait aucune différence dans les tests entre les deux sexes.

« Ces résultats suggèrent que les femmes sont mieux à même de compenser les changements sous-jacents dans le cerveau avec leur ‘réserve cognitive’ jusqu’à ce que la maladie n’atteigne un stade plus avancé », précise le Pr Sundermann. D’autres recherches doivent être menées mais les chercheurs préconisent d’ajuster les tests de mémoire pour tenir compte de cette différence entre les deux sexes. Une modification qui pourrait aider à faire progresser le diagnostic de la maladie d’Alzheimer chez les femmes.