La visite de l’ancien chanteur Ferhat Mehenni et de l’écrivain Boualem Sansal en Israël suscite des remous en Algérie et ailleurs. Plusieurs médias ont repris l’information, mais aucune source n’indique clairement pourquoi ces deux Algériens se sont rendus en terre hébraïque, séparément mais en même temps.
Y a-t-il un objectif politique précis assigné à cette opération qui, finalement, n’aura pas connu une grande médiatisation, comme l’aurait souhaité Tel-Aviv ? Eléments de réponse. Dans une interview accordée par l’ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Joseph Haddas, en 1991, à un quotidien algérien, celui-ci déclarait : «Vous les Algériens, vous faites partie du monde arabe. Je dirais – et ce n’est pas pour vous faire des compliments – que vous avez une ouverture plus grande sur le monde extérieur. Vous êtes considérés, en Afrique du Nord, comme étant les plus durs.» Cette réponse faite au journaliste algérien qui accusait Israël de ne pas vouloir d’une paix juste et globale reflète la vision officielle – mais néanmoins discrète – d’Israël vis-à-vis de notre pays. Joseph Haddas faisait allusion à la position irréfragable de l’Algérie envers la question palestinienne qu’elle défend bec et ongles. Pour les Israéliens, en effet, une paix avec l’ensemble des Arabes devra passer par un dégel diplomatique avec l’Algérie que toutes les tentatives de fragilisation par le terrorisme et d’amadouement, par le biais des nombreuses invitations adressées à des personnalités algériennes indépendantes, n’ont pas réussi à faire dévier de ses principes fondamentaux. Ferhat Mehenni, dont les tentatives de couper la Kabylie du reste de l’Algérie sont vouées à l’échec, est allé chercher en Israël un soutien que lui ont suggéré les services secrets marocains, lesquels voient en lui le «pion» dont les idées indépendantistes pourraient amener l’Algérie à réviser sa position sur l’affaire du Sahara Occidental. Quant à Boualem Sansal, au sujet duquel Jean-Pierre Lledo vient de commettre une comparaison maladroite avec feu Tahar Djaout, sa participation au Festival international des écrivains à El-Qods cautionne l’occupation de cette ville hautement symbolique, pour la libération de laquelle les Palestiniens se battent corps et âme depuis plus de cinquante ans.
Sarah L.