Mohamed Merah ne sera pas enterré en Algérie. Les autorités algériennes ont invoqué, selon Abdallah Zekri, chargé de mission au Conseil français du culte musulman, des « raisons d’ordre public » pour refuser le transfert du corps de Mohamed Merah en Algérie. Une justification « bateau et limite », explique le militant algérien des droits de l’homme Abdelmoumène Khelil. « L’invocation de la notion élastique de l’ordre public donne surtout une apparence légale à une décisionpolitique qui heurte le droit reconnu à toutes les familles de ramener les dépouilles des leurs décédés à l’étranger ». De fait, le transfert des dépouilles de France vers l’Algérie a, jusqu’à présent, été une simple formalité.
Le refus des autorités algériennes n’est cependant pas une surprise et elles peuvent compter sur une assez large approbation au sein de l’opinion. Mardi, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, M. Amar Belani, avait critiqué dans une déclaration au site TSA la « surmédiatisation » de la question de l’enterrement de Mohamed Merah. « L’affaire aurait du se traiter dans l’intimité de sa famille, loin de toute publicité malsaine et déplacée « a-t-il déclaré. Le reproche était destiné aux membres de la famille Merah fortement sollicités par les médias. Alger aurait souhaité que les choses se passent dans la discrétion. L’emballement médiatique autour de cette affaire y compris en Algérie rendait cette discrétion difficile. Le père de Mohamed Merah, Benalel Merah, sollicité par le journal arabophone à grand tirage Echourouk, a fait des déclarations tonitruantes et a confirmé que son fils allait être enterré dans son village natal, à Essouagui, dans le département de Médéa.
Le refus des autorités algériennes de permettre le transfert de la dépouille de Mohamed Merah est largement approuvé au sein de l’opinion publique. « Les français essayent d’expliquer les actes de Mohamed Merah par son ‘origine algérienne’ qu’ils le gardent donc chez eux, c’est une affaire franco-française »,entend-on souvent dans les discussions. « Qu’ils en fassent ce qu’ils veulent, ils peuvent le balancer en mer comme Ben Laden, mais qu’ils ne nous le renvoient pas chez nous ».
Sur Internet, le ton est à l’approbation. Abdelfatah Zinet, un hyper-activiste deFacebook a donné le ton. « La famille de feu Merah a toute la sympathie de son pays d’origine mais les dernières tractations sur son enterrement en Algérie ne sont pas de bonne foi et ne sont pas catholiques du tout. Feu Merah est français et a droit à un enterrement décent par respect à la dignité humaine dans un carré musulman en France ».