«Pour le bon fonctionnement du gouvernement et de la justice», c’est en ces termes que Jérôme Cahuzac a justifié sa démission déposée juste après que le parquet de Paris eut décidé de l’ouverture d’une information judiciaire contre X. Et cela, en raison des soupçons de blanchiment de fraude fiscale pesant sur l’ex-ministre du budget français, suite aux révélations de Mediapart.
Ce même site d’informations, se distinguant par son journalisme rigoureux et surtout indépendant, qui avait mis à jour cette affaire Bettencourt impliquant Nicolas Sarkozy qui vient, dans ce même cadre, d’être mis en examen par le juge qui l’entendait alors, en qualité de témoin assisté.
C’est dire que nul ne s’attendait à une telle issue qui fait la une de tous les journaux en Hexagone comme un peu partout dans le Vieux continent, où la France retrouve son lustre de grande démocratie.
Car, en effet, c’est là un exemple vibrant, autant peut-il être édifiant quant à la liberté avec laquelle la justice fait son travail dans ce pays où l’ancien président Jaques Chirac avait, lui aussi, appris à ses dépens, que nul n’est au dessus des lois de la République, en écopant de deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs, éclatée du temps où il était maire de Paris.

A l’époque où ce verdict avait été rendu, Sarkozy logeait à l’Elysée et avait réagi en rappelant l’engagement de son cher « père ennemi », ajoutant que cela ne changerait rien à l’estime que lui portaient les Français. Et donc, on imagine bien si ce ne serait pas de refus que quelqu’un en dise autant de lui aujourd’hui, afin que son retour annoncé à la vie politique ne soit pas compromis. Pour l’heure, les paris sont ouverts, quant à savoir quelles pourraient bien être les retombées de cette mise en examen dont il reste aussi à en connaître les suites. En attendant, l’impact de ce véritable coup de tonnerre dans le monde de la politique et de la magistrature, devrait aussi se faire ressentir en d’autres frontières que celles de l’Europe où les réactions ne se sont pas fait attendre.
En effet, et plus que par les liens de l’histoire et la géographie, en Algérie le contexte est, on ne peut plus propice, pour trouver matière à en délibérer, à défaut de s’en inspirer du côté du parquet pour, tout au moins, l’ouverture d’informations judiciaires contre autant de X qu’il pourrait y avoir de scandales de corruption, sans parler du phénomène de l’évasion fiscale et autre blanchiment d’argent sale.
Ce qui ne pourrait se faire sans des juges indépendants, siégeant en leurs âme et conscience, sur la foi du serment qu’ils ont prêté, sans se soucier de l’identité du justiciable, ni de sa fonction.
Ce qui, chez nous, relève d’une chimère, ne venant pas à l’esprit qu’un ministre, ou n’importe quel ponte du pouvoir et leurs protégés, puissent être cités à comparaître devant un tribunal.
Pour en arriver à ce degré élémentaire de la démocratie, il faudrait que le magistrat instructeur ait des garanties qui aillent au delà du simple sentiment exprimé par le chef de l’Etat, se disant révolté sans plus.
Sans le moindre signe montrant la voie à suivre par la justice sous son aile protectrice, celle-là même dont ils ne sont pas peu, qui la disent au service de ceux qui devraient se trouver à la barre des accusés, tant que les graves présomptions qui pèsent sur eux ne seront pas levées. Et c’est aussi là tout le sens du doute qui empêche la République et ceux qui y président, de jouir de la crédibilité nécessaire aux yeux d’un peuple ne demandant qu’à voir pour y croire.
Mohamed Raber