Pour un meilleur encadrement des actions de solidarité : Le CRA réclame le fichier national des nécessiteux

Pour un meilleur encadrement des actions de solidarité : Le CRA réclame le fichier national des nécessiteux

Fayçal Djoudi

Mme Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), est revenue, hier, sur le sempiternel problème du fichier national des familles et personnes nécessiteuses, plaidant pour son élaboration selon des «bases objectives et fiables». Ce fichier est plus que nécessaire pour un meilleur encadrement et un déroulement efficace des actions de solidarité estime-t-elle.

C’est ce qu’elle a expliqué lors de son passage au Forum d’El Moudjahid. Elle a admis qu’il était ardu d’élaborer ce fichier alors que son utilité est plus qu’importante, notamment dans des conjonctures particulières tel que le mois de Ramadhan marqué par la prolifération des actions de solidarité. La présidente du CRA a d’emblée souligné que personne «ne peut savoir le nombre exact de pauvres» qui nécessitent une aide directe de l’Etat.

Elle dira que «le CRA a recensé quelque 250 000 familles nécessiteuses au niveau national», précisant toutefois que ce chiffre «n’est pas représentatif car le Croissant-Rouge algérien n’a pas les moyens matériels et humains d’établir une liste exhaustive». Ce qui pose ainsi avec acuité la problématique du recensement des familles nécessiteuses.

Selon elle, «la situation actuelle de l’administration ne permet pas aux autorités de connaître les vrais nécessiteux», de plus beaucoup d’indus «pauvres» s’inscrivent dans les services sociaux des communes.

Elle ajoutera que «cette méconnaissance de la réalité sociale des Algériens a des répercussions, chaque année, sur les plus démunis», soulignant que «cette impossibilité d’adopter, dans l’immédiat, une politique de ciblage des subventions de l’Etat, n’a pas empêché le gouvernement d’entamer la procédure même timidement».

Pour la mise en œuvre, elle dira que ce travail concerne non seulement «les départements de l’Intérieur et des Collectivités locales, la Solidarité nationale, les Affaires religieuses, mais aussi les associations caritatives, les imams et les comités de quartier».

Un gage de transparence

«Un tel fichier est, selon la présidente du CRA, un gage de transparence qui permettra assurément de mieux organiser l’action humanitaire, de rationaliser les moyens et ressources limitées du CRA, pour une bonne gestion des œuvres de solidarité sociales.»

A cet effet, Mme Benhabylès précisera que pour ce mois de Ramadhan, «le Croissant-Rouge algérien poursuivra avec sérénité ses activités de solidarité et d’aide aux personnes démunies et aux familles nécessiteuses. Des programmes qui ne s’arrêteront pas à des circonstances religieuses», mais qui devront, selon la présidente, se poursuivre tout au long de l’année afin d’assurer une continuité et une coordination des activités de solidarité et d’entraide.

Dans ce sillage, la présidente du CRA n’a pas manqué de rappeler que les activités de solidarité dépendront des donations et apports des différents partenaires du CRA. Des donations, qui «en l’absence d’une subvention de l’Etat», ne permettront pas la prise en charge d’un plus grand nombre de familles nécessiteuses, précise-t-elle.

Revenant sur le sujet lié au couffin du Ramadhan, Saïda Benhabylès dira que ce terme est «dégradant» et rappelle «l’indigénat». 

Pour elle, la solidarité ne peut se décréter. C’est au quotidien que les éléments du CRA font preuve de solidarité, car les personnes dans le besoin ne doivent pas «mourir de faim avant et après le Ramadhan. Plutôt que le fameux couffin, nous avons préconisé la mise en place d’aides financières pour préserver la dignité humaine». 

D’ailleurs, elle dira qu’elle s’est fait remonter «les bretelles» plusieurs fois à cause de ses «déclarations sur le couffin de Ramadhan». Poursuivant son intervention, elle dira qu’elle a été également interpellée par le gouvernement à cause «des 4 000 DA que son organisme avait distribué aux familles démunies», expliquant que «ce dernier lui a dit qu’il ne fallait donner que 3 000 DA, comme le faisait le ministère de la Solidarité». Elle a ajouté qu’«on n’a pas de budget, je ne suis qu’un trait d’union entre les donateurs et les bénéficiaires. Ce n’est pas à moi de décider du montant. Nous, ce qu’on nous donne on le distribue».