«Nous sommes dans une phase d’apprentissage et dans 50 ans nous aurons une université performante en terme de formation à l’excellence».
En d’autres termes, de par la gratuité des études et la jeunesse de son encadrement, on ne peut pas exiger de l’université algérienne une qualité de formation. C’est ce qui ressort en tous cas de l’intervention du directeur de la recherche scientifique ce mardi matin sur les ondes de la Chaîne III.
Une déclaration qui donne froid dans le dos pour le million et demi d’étudiants qui fréquentent les universités algériennes. «Nous ne pouvons pas comparer une université qui a 80 000 étudiants à une université qui en a 3 000», a ajouté Abdelhafidh Aourag, insistant sur le fait qu’«on ne peut pas comparer en terme de production de thèses, les universités algériennes qui ont 40 ans d’existence à des universités millénaires et qui ont derrière eux une longue expérience». En attendant d’arriver à cette performance l’orateur poursuit sur une note optimiste en affirmant qu’en dépit de ce décalage, «l’Algérie dispose de solutions intégrées globales pour chaque problème posé dans notre pays». D’ailleurs, «Si on fait appel aux compétences algériennes qui existent sur le terrain, nous sommes capables de résoudre n’importe quel problème à l’échelle nationale». a-t-il indiqué. Une réponse peu attendue, voire même incompréhensible et échappant à la réalité d’une société laminée par les problèmes les plus complexes. Le premier responsable de la recherche, qui invite les milliers de jeunes étudiants à patienter quelques années encore avant que la qualité de la formation ne s’améliore, a néanmoins fini par évoquer certains problèmes de notre université.
Il parlera à cet effet du problème linguistique qui constitue un véritable «handicap dans la transmission de l’information». Beaucoup de nos bacheliers arrivent à l’université sans aucun bagage linguistique. Ils ne maîtrisent ni le français ni l’anglais pour pouvoir suivre les cours dispensés en grande majorité dans ces deux langues.
Le dysfonctionnement profond qui caractérise nos universités est dû essentiellement à la pression considérable de la demande sociale en enseignement supérieur. Ces dysfonctionnements qui se sont accumulés au fil des années font que l’Université algérienne apparaît, aujourd’hui, en inadéquation avec les mutations profondes qu’a connues notre pays sur les plans social et économique. Mais le classement réalisé par le centre de recherche scientifique espagnole en 2015 laisse apparaître tout de même une certaine lueur d’espoir de voir un jour nos universités se hisser aux niveau des grandes universités internationales. En effet, beaucoup de nos universités se sont distinguées dans ce classement. Il s’agit entre autres des universités de Sidi bel-Abbès, Ouargla, Tlemcen, Constantine et l’USTHB d’Alger. Les critères qui ont permis à ces structures de se positionner à la 3 300 place sont notamment la performance et la visibilité, selon M. Aourag. «Ce classement est basé sur quatre indicateurs dont la visibilité de l’université à l’échelle internationale sur son site web, les informations importantes qu’elle diffuse aux étudiants, la richesse scientifique et pédagogique des informations destinées à l’étudiant, ainsi que l’ouverture à l’université internationale», a-t-il expliqué avant de se féliciter de la place qu’a occupée l’université de Sidi Bel-Abbès en particulier. L’université de Djilali-Liabès a été classée sur le plan arabe à la 14e place et sur le plan africain à la 19e place.
Assia Boucetta