Mohamed et Omar habitent tous deux le même immeuble, donc sont voisins, et ce jour-là, ils se sont retrouvés devant le tribunal de Sidi M’hamed. Le premier accuse le second d’avoir roué de coups son fils âgé de huit ans.
Omar, surpris de voir l’histoire prendre autant d’ampleur, ne conçoit pas qu’on le traîne dans les tribunaux pour avoir tout « simplement giflé le fils du voisin qui lui avait manqué de respect ». Et même si la loi condamne fermement la violence physique, il affirme qu’il a droit au calme lorsqu’il rentre chez lui. Mohamed raconte sa version des faits : « Mon fils rentrait de l’école en fin d’après-midi, mais il est attiré par un match de foot qui se déroulait près de la maison et se met de la partie. Certes, il a dû faire du bruit mais cela pas au point d’être battu jusqu’à en avoir le visage déformé ». Quant à Omar, il dira qu’« embarrassé par le bruit des joueurs et des supporteurs, des adolescents en majorité, avoue les avoir rappelés à l’ordre et menacés maintes fois. « Mais seulement pour les faire fuir » s’exclame-t-il. Sauf que cette fois-ci, il est passé à l’acte, et le hasard a fait que sa victime soit le fils de son voisin de palier. et Mohamed d’ajouter : « Mon voisin est sorti pour disperser les jeunes gens, alors que mon fils se trouvait déjà dans la cage d’escaliers et, cet homme ici présent devant vous l’a traîné jusqu’à son appartement et a battu mon enfant ». Omar ne nie rien de tout cela, il dira au juge : « Ce n’était qu’une gifle, son fils m’a manqué de respect ! ». Mohamed rétorque : « Mon fils a été hospitalisé, je ne serais pas ici devant vous s’il était fautif ou si moi-même j’avais failli à son éducation. Il a été hospitalisé deux jours après cet incident. Et aujourd’hui, il se fait traiter par un psychologue, il est très actif mais n’ose plus sortir de la maison », explique-t-il. Face à toutes ces accusations et les questions du juge, l’inculpé est resté de marbre… L’affaire a été reportée.
Farida Chaïb