Une personne «au moins» est hospitalisée quotidiennement pour un cancer bronchique ou de poumons, a fait savoir à Oran Pr. Salah Lellou, chef de service de pneumologie à l’EHU d’Oran. «Le taux d’atteinte des cancers bronchiques et des poumons est en nette augmentation à Oran comme à l’échelle nationale. Les données statistiques sont presque les mêmes. Ces cancers prennent de plus en plus d’ampleur en raison du tabagisme et de l’absence de culture du dépistage précoce», a précisé ce spécialiste à l’APS, en marge de l’ouverture du 8ème congrès international de pneumologie de l’EHU. Tout en relevant que les malades atteints du cancer sont de plus en plus jeunes, «conséquence du tabagisme sévère», a-t-il encore relevé.
Le Pr. Lellou a tiré la sonnette d’alarme quant à la gravité de la situation. «Chaque jour, nous accueillons dans notre service à l’EHU une personne atteinte d’un cancer bronchique et des poumons. Ces malades arrivent, malheureusement, à un stade très avancé au point où l’on ne peut plus opérer et le recours à la chimiothérapie est immédiat», a-t-il déploré. Le stade très avancé dans lequel arrivent les malades interpelle les spécialistes quant à la nécessité de redoubler d’efforts en matière de sensibilisation sur le dépistage précoce. «Un manque flagrant d’information sur l’importance du dépistage précoce a été remarqué chez la plupart des malades, d’ou l’importance de doubler les efforts en matière de prévention et de diagnostic précoce», a souligné le spécialiste. Pour lui, la lutte contre le tabagisme demeure aussi l’un des moyens les plus efficaces pour faire face au cancer. Dans ce sens, il a rappelé qu’une unité d’aide au sevrage tabagique a été ouverte depuis quelques années au niveau de son service. «Cette unité a fait un travail remarquable.
Plus de 20% des personnes venues pour une consultation et un suivi ont définitivement cessé de fumer. Ce qui est absolument remarquable», s’est-il félicité. De son côté, le Pr. Roger Escamilla, pneumologue au CHU de Toulouse (France) a déclaré, à la presse, qu’»il faudrait lutter contre le tabagisme de manière plus intense au niveau mondial, pour espérer que les traitements contre les maladies bronchiques soient plus efficaces et plus efficients». «L’Algérie fait beaucoup d’efforts en matière de traitement des pathologies bronchiques. Il y a une véritable volonté de progresser et de faire face au cancer à travers les différentes manifestations scientifiques organisées pour la formation continue des médecins mais aussi la recherche permanente des nouveaux traitements», a-t-il relevé. Le même spécialiste a souligné la nécessité de «multiplier et d’intensifier le travail de sensibilisation et d’information sur le danger du tabagisme et du cancer sur la santé des populations». Quelques 500 participants des différentes structures sanitaires du pays ont pris part à ce 8ème congrès international de pneumologie, qui a traité de l’asthme, de l’allergie et la Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO).