Pour traiter les victimes des essais nucléaires du Sud : Le premier hôpital mobile opérationnel dans un mois

Pour traiter les victimes des essais nucléaires du Sud : Le premier hôpital mobile opérationnel dans un mois
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Sur les 44 enfants sourds-muets recensés à Adrar, 17 ont été soignés avec succès au Centre Pierre et Marie-Curie du CHU Mustapha-Pacha. Les essais nucléaires de la France à Reggane, vieux de plus de 50 ans, ont été passés au peigne fin lors d’une rencontre tenue dans l’après-midi d’hier au siège de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme.

Cette rencontre qui s’est déroulée en présence de plusieurs spécialistes, a vu l’intervention, lors de la séance d’ouverture, de M. El Ayachi Dadouaa, président de la commission sectorielle permanente au niveau de la Cncppdh, qui a fait savoir que la 2e caravane, après celle de l’année dernière, se rendra dans la région du 18 au 22 février prochain. Aussi, et c’est une première du genre, l’Algérie a acquis un «hôpital mobile nommé Mamobile, qui se trouve actuellement en Turquie et qui sera opérationnel dans moins d’un mois». Cette structure, soutient-t-il, acquise au nom de l’Association El Amel d’aide aux cancéreux et de la Cncppdh, permettra de mieux traiter les maladies causées par les essais nucléaires qu’a perpétrés la France. Enchaînant, l’orateur a fait savoir que le département de l’Education nationale a donné son aval et décidé d’inclure dans le programme un cours portant sur ces événements à partir d’aujourd’hui. «Chaque journée du 13 février, les élèves seront appelés à assister à ce cours pour mieux connaître leur histoire», a expliqué M. Dadouaa. En 2011, il a été recensé des dizaines de cas de déformations corporelles gravissimes chez des petits enfants. Dans le seul quartier «Merabet» à Adrar, le bilan est alarmant : «Quelques années après leur naissance, 44 enfants sont brusquement devenus sourds-muets». Cependant, précise M. Dadouaa, 17 parmi eux ont été soignés au Centre Pierre et Marie-Curie du CHU Mustapha-Pacha et ont pu reprendre l’usage de la parole et de l’ouïe. L’accord conclu avec le CPMC va au-delà de ces soins dont ont bénéficié ces victimes. Car «des médecins de la wilaya d’Adrar bénéficient eux aussi d’une formation au niveau dudit centre». Pour sa part, Mme Hamida Kettab, présidente de l’Association El Amel, a indiqué qu’il s’agit d’un double devoir. «D’un côté, notre déplacement dans la région d’Adrar a pour objectif de s’enquérir de l’état dans lequel se trouvent les victimes et, d’autre part, faire en sorte d’empêcher l’apparition de nouveaux cas par un diagnostic précoce». Pour elle, l’appellation elle-même prête à confusion. «Ce ne sont pas des essais mais des explosions», explique-t- elle. Et d’adresser un message solennel à la nouvelle génération, appelée, enchaîne-t-elle, à mieux connaître l’ampleur de ces crimes. Son association a «le devoir de mener un travail de sensibilisation de grande intensité contre tous les types de cancer, notamment le cancer du sein et de l’utérus. Combien de cas sont recensés ? La présidente de l’association El Amel parle de «chiffres qui font peur.» Avant d’ajouter : «en 2011, il n’y avait pas moins de 10 000 cas du cancer du sein et 40 000 cas du cancer tous types confondus». Adrar et spécialement Reggane se taille la part du lion dans ce bilan. Au CPMC, «les femmes issues de cette région arrivent dans une situation catastrophique». L’ignorance, poursuit l’oratrice, «aggrave la maladie».

Quant à Me Fatma-Zohra Benbraham, présente également à la rencontre, elle a souligné le fait que sans le concours des pouvoirs publics, «on ne pourra jamais arriver aux résultats obtenus jusque-là». L’avocate et défenseur des droits de l’homme s’est dite convaincue que la France «finira par lâcher le morceau», et faire pénitence de ses actes, « même si c’est au compte-gouttes».

Fouad IRNATENE