La région de Béchar recèle un important gisement de charbon subdivisé en trois sous-bassins, à savoir Mezarif, Kenadsa et Abadla
L’activité d’extraction de charbon dans la région reprendra après un arrêt qui aura duré près de 50 ans.
Après des mois d’hésitation, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, lâche le morceau. L’Algérie retournera au charbon et qu’importe si cette démarche va à l’encontre de la lutte contre le changement climatique qui recommande d’exclure le charbon en raison de son impact sur l’environnement.
La Chine ne tire-t-elle pas 80% de son électricité du charbon? Et puis, la technologie fera le reste. De nouvelles technologies ont été mises au point, permettant de réduire les émissions de CO2.
Du coup, les centrales électriques au charbon coûteront plus cher mais qu’importe quand c’est de stabilité sociale qu’il s’agit. L’impératif de la sécurité énergétique impose sa loi et ses prix. En visite de travail hier, à la wilaya de Béchar, le ministre de l’Energie et des Mines a affirmé que les pouvoirs publics sont décidés à mettre en valeur les potentialités minières et d’hydrocarbures de la wilaya de Béchar afin d’amorcer le développement économique et social des régions du sud-ouest du pays.
Deux actions sont déjà engagées par les pouvoirs publics dans la perspective de concrétiser cette ambition: relancer les études sur la possibilité de la réouverture des mines de charbon et poursuivre les travaux d’exploration pétrolière et gazière, soulignait hier, M.Yousfi en marge de cette visite. S’agissant du premier volet, une possible reprise de l’activité d’extraction de charbon dans la région à l’arrêt depuis près de cinq décennies permettra, notamment d’améliorer la couverture en électricité de toute la Saoura à la faveur de la mise en place d’une nouvelle centrale électrique. Elle fonctionnera au charbon. «Nous étudions la possibilité de rouvrir les mines de charbon et d’avoir une centrale électrique qui fonctionnerait au charbon. Ceci permettrait de créer des emplois locaux et d’exploiter cette ressource naturelle», a déclaré le ministre de l’Energie, soulignant toutefois que cette possibilité «est au stade des études». «On va voir si c’est possible de produire du charbon et à quel coût», a-t-il ajouté. Dans cette optique, il est prévu de compléter et de mettre à jour les études faites jusqu’à présent en matière d’impacts socio-économiques, mais aussi environnementaux de la réouverture des mines de charbon sur la région et la population. «Il y a un certain nombre de difficultés. Nous allons donc compléter et mettre à jour les études faites sur cela et j’espère que nous arriverons à quelque chose de positif», indique M.Yousfi.
La région de Béchar recèle un important gisement de charbon subdivisé en trois sous-bassins, à savoir Mezarif, Kenadsa et Abadla qui totalisent des réserves potentielles de plus de 208 millions de tonnes, dont le plus important est celui de Kenadsa (30 km du chef-lieu de wilaya) avec un potentiel estimé à 142 millions de tonnes, selon des explications fournies par la direction de l’énergie et des mines de la capitale du sud-ouest algérien. Il s’agit donc d’importantes quantités largement suffisantes pour faire tourner une centrale électrique à charbon pour de longues années.
Avec seulement 20 millions de tonnes, «il est possible de faire fonctionner une centrale électrique de 300 à 400 MW durant 30 ans», assurait, dans ce sens, le président-directeur général de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, présent à l’exposé fait sur le potentiel minier de la wilaya.
Cependant, la mise en valeur du potentiel minier de la wilaya de Béchar n’est pas limitée seulement au charbon, puisque les activités d’exploration en cours cibleront toutes les substances. «Nous avons pris du retard dans l’exploration minière (dans la région)», a reconnu le ministre, ajoutant que cette activité «sera intensifiée» pour évaluer le potentiel existant en minerais comme le palladium, le cuivre, l’or et la baryte. «Nous allons accélérer l’exploration pour voir les opportunités d’exploitation de ces gisements», a-t-il assuré. Le ministre a, d’autre part, affirmé que l’exploitation du site minier de Ghar Djebilet dans la wilaya voisine de Tindouf se fera par une société nationale en association avec un partenaire étranger éventuellement. La société algérienne qui sera créée, notamment par Sonatrach, Manadjim El Djazaïr (Manal), et d’autres entreprises de sidérurgie va, d’abord, étudier la possibilité d’exploiter ce site. Plus tard, «s’il y a des partenaires qui veulent se joindre à cette société, ils seront les bienvenus», explique le ministre qui souhaite que la wilaya de Béchar se transforme en «un pôle de l’industrie minière dans la région du sud-ouest du pays».