Le tramway d’Oran a soufflé hier sa première bougie. Le premier anniversaire de l’entrée en exploitation de ce moyen de transport a été, toutefois, marqué par un vaste mouvement de grève déclenché jeudi par quelque 200 agents de carrefours, appelés communément «les stoppeurs » affectés à la gestion des carrefours et autres croisements embranchant la circulation automobile et les navettes des 34 trames.
Dans le sillage de cette action de protestation, jugée radicale, les grévistes ont pendant toute la journée de jeudi, paralysé toute les activités du tramway provoquant sans aucun doute des pertes sèches à la société Setram, étant donné que les agents conducteurs ont été eux aussi obligés de parquer les rames dans le terminal principal d’Es-Sénia. Les agents stoppeurs sont donc passés à l’action en déclenchant leur mouvement faute d’une réponse heureuse devant émane des responsables de la Setram quant à la prise en charge des revendications avancées par les grévistes. «Nos revendication n’ont toujours pas été prises en considération par notre direction», dira un employé.
Selon l’un des meneurs du mouvement, les revendications devant être inconditionnellement satisfaites puisqu’elles sont légitimes, sont d’ordre socioprofessionnel, elles s’articulent autour de la révision de certaines clauses des contrats liant les employés avec la Setram. «Nous devons bénéficier de contrat à durée indéterminée, CDI, à l’instar de nos collègues employés dans le tramway d’Alger», dira un autre employé lui aussi ayant observé le mouvement de grève.
«Notre situation reste indécise avec ce contrat CDD alors que notre rôle reste primordial pour le bon fonctionnement du tramway», a expliqué un autre protestataire ajoutant que «nous sommes menacés par le chômage». «Y a-t-il deux poids deux mesures ?, s’est-il interrogé avant de poursuivre en expliquant que «nous avons opté pour cette alternative, pour trouver une oreille attentive, on veut qu’on soit traités de la même manière que tous les autres travailleurs qui sont titulaires des contrats de durée indéterminée, c’est un droit légitime, n’est-ce-pas ?
Ce qui semble nourrir plus le courroux des agents stoppeurs de la Setram, serait le blocage des pourparlers qui auraient réuni les deux parties, la direction et les employés de la Société des transports par rames, Setram autour de l’amélioration des conditions de travail des agents stoppeurs. «Nos responsables n’ont pas tenu à leurs engagements», ont déploré plusieurs grévistes estimant que «nous sommes livrés à toutes les formes de déni et de mépris affichés délibérément par nos responsables hiérarchiques en se désengageant quant à la satisfaction de nos revendications».
Sur le plan pécune, les agents de gestion des carrefours ne sont pas près de lâcher ce qu’ils qualifient de nécessité d’augmentation des salaires vu les désagréments que nous subissons chaque jour, a affirmé un autre agent stoppeur. Ils ont été recrutés au lancement du tramway, c’est-à-dire en mai de l’année passée. Ils ont été mis en place à titre provisoire, en attendant que les automobilistes s’habituent aux feux tricolores installés tout au long du tracé qui s’achève à Es-Sénia université. Ils sont chargés d’immobiliser les automobilistes au passage du tramway à chaque carrefour se trouvant tout le long du tracé de 18 km, et ce, pour s’assurer que les rotations du tramway s’effectuent dans les meilleures conditions.
Une source dans la Setram, confirme en déclarant que «au départ, il avait été convenu que le rôle des agents stoppeurs soit provisoire en attendant que les automobilistes s’habituent à cohabiter progressivement avec le tramway et que s’arrêter devant le passage de ce dernier aux carrefours et autres ronds-points devient un réflexe à la vue des feux de signalisation».
Un employé stoppeur dira que «les automobilistes sont têtus et essayent de passer même avec notre présence alors qu’en sera-t-il si on compte seulement sur les signalisations ? Ce sera la catastrophe assurément». En tous les cas, les agents stoppeurs ne sont pas prêts de lâcher prise jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications. K.Z