Dans son chef d’œuvre écrit en 1940 Pour qui Sonne le Glas ?, Ernest Hemingway désenchanté rend hommage à son héros tombé au champ d’honneur de la deuxième Guerre Mondiale.
Djaballah, soltani et Belkhadem, le trio islamistes qui aspire à prendre la majorité à l’APN.
Mais aux agonies comptabilisées telles des mouches qui tombent, le glas ne sonne pas faute de guerre déclarée et de coupable avéré. Chez nous, à part quelques célébrités médiatisées, qui connait le visage le nom de ces milliers de victimes tombées parce que le FIS a été écarté du pouvoir et tous ces sacrifiés du printemps arabe, ces jeunes dont la plupart n’ont jamais étudié Voltaire. Pourtant cet homme, il y a 4 siècles, les a bien aidés en inventant l’opinion publique avec ses six libertés inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : 1- Naître libre ; 2- La liberté de parole de presse ; 3- La liberté de conscience ; 4- La liberté individuelle ; 5- La garantie de la propriété privée ; 6- Le droit au travail.
Voltaire, le courtisan déçu, s’est bien vengé de la cour royale qui l’avait rejeté. Or pour développer toutes ses idées fondamentales qui allaient révolutionner le monde, cet innovateur de génie avait besoin d’échapper à la guillotine. En ce temps là, en France, on pouvait être contre le roi Soleil contre l’Eglise et continuer à vivre. Notre retard est abyssal dans ce domaine. Nos Voltaire meurent dans l’œuf et un Mohamed Merah passerait pour un ange auprès du plus cool de nos terroristes. On soupçonne bien nous les survivants que le pire n’est pas la mort mais la façon dont on la donne. La terreur a tellement fonctionné qu’on s’apprête avec sérénité et indifférence le 10 mai prochain à accueillir en Sauveurs ceux à qui le crime a bien profité. Avec le fatras des disparus des repentis des convertis reconvertis des agents doubles des clonés garantis islamisés tous azimuts, passer au scanneur nos futurs « élus » n’est pas chose ni aisée ni souhaitée.
On s’est bien accommodé de nos faux moudjahidines pourquoi pas de la « virginité » douteuse de cette nouvelle Nomenklatura. Quelqu’un a dit : « Les idéologues peuvent se vanter d’avoir les mains propres, les exécutants d’avoir la conscience tranquille. » Vivants on ne valait pas grand-chose morts encore plus. Parce qu’un jeune d’origine X a tué des militaires d’origine Y et des enfants d’origine Z, la France qui n’est ni X ni Y ni Z s’est levée comme un seul homme accompagnée par toute la compassion internationale. « Quel est le président algérien, le chef de gouvernement algérien, le général algérien, le président de l’Assemblée nationale algérien, le président du Senat algérien, qui se soit déplacé sur les lieux d’un massacre ou qui ait eu, simplement, des mots forts pour atténuer un tant soit peu la peine des survivants ?… il suffit que le moindre émir du Golfe ait des problèmes de santé pour que le grand cœur de nos dirigeants s’affole et que des télégrammes émus de prompt rétablissement soient dare-dare expédiés par les plus hautes institutions du pays…
Je pense à cette vingtaine d’institutrices d’une modeste école d’une région déshéritée des alentours d’Alger. Elles ont toutes été égorgées dans l’autobus qui les emmenait à leur lieu de travail…Et pourtant aucune école, aucun collège, aucun syndicat d’enseignants, ni une des multiples universités, d’habitude si frondeuses, n’a appelé à une action d’envergure pour dénoncer cette tuerie. Oui, on fait grève en Algérie pour exiger des augmentations de salaire ou pour des histoires de logement. Mais pas pour pleurer la mort de ceux qui vous ressemblent de manière effrayante. » (1) Dans cette effrayante solitude du drame algéro-algérien où on a même gelé les larmes des mères, alors le diable peut bien sortir de l’urne sans déranger âme qui vive. Et le parti ou les partis islamistes avec maquillage adéquat et lettres latines interchangeables et « arabisables » à souhait peuvent prendre le destin des millions d’Algériens et en faire de la pate à modeler qui s’en soucie ? Dans 20 ans, le temps d’une génération où les historiens disent qu’il se passe toujours quelque chose parce l’enfant atteint l’âge où il peut refuser ou pas la vie de son père, quel sera notre état si Dieu nous prêtait vie. Le modèle soudanais avec en prime une religion unique ou saoudien sans l’aura de la Kaaba et d’une famille princière qui se « délocalise » par intermittence pour s’oxygéner chez ces « Gens du Livre ». Dans son livre réédité à Alger en 2004, Les Rois d’Alger, Diego de Haêdo écrivait : « On peut dire qu’en tout temps, les dons et les présents ont été préférés à la vertu, à la raison et au mérite pour la nomination au gouvernement d’Alger et à tous les royaumes soumis à l’empire turc. Mais jamais ce mauvais état n’a été tel qu’aujourd’hui parmi les Turcs et les Maures. » Ouf, on a au moins cette capacité héritée de nos ancêtres à survivre aux calamités à l’instar de nos systèmes vicieux…Tofler affirme qu’on a dépassé l’industrialisation et c’est une science plus sophistiquée qu’il faudra viser maintenant. Or aucun pays arabe ne possède cette industrie has been.
Même dans le domaine de la religion, on demande l’aide de l’extérieur. Dans les années 30, on imprimait les Corans « portatifs » en Tchécoslovaquie, les cahiers des écoliers venaient d’Europe, les jouets du Japon, les biscuits d’Italie, le chocolat et montres de Suisse. En 1981, en Suède, une société s’était enrichie grâce à des boussoles dont l’aiguille se tournait vers la Mecque. La compagnie Index International de Monaco a inventé une montre-boussole, « Dalil » pour guider le croyant dans sa prière… Et si on achète des usines clé-en-main pour les faires fonctionner il nous faut des étrangers qui viendront avec leur savoir-faire leur savoir-réparer et leur réserve de pièces de rechanges : « En 1960, à Damas, un de mes anciens camarades me montrait fièrement l’usine de bouteilles qu’il avait fondée et dont il vendait les produits notamment aux fabricants locaux de Coca Cola. Dans les ateliers où ronronnaient les machines automatiques, il me présentait le contremaitre belge, le designer américain, le mécanicien allemand, l’électricien français… » (2) En 2012 avec l’explosion de la démographique, la fuite des cerveaux et la victoire des clercs, notre dépendance est quasi-totale. Et à Damas, les coopérants étrangers ont fui depuis belle lurette. Tous les pays arabes qui n’ont pas la manne pétrolière dépendent de l’Humanitaire : l’Egypte, le Yémen, la Syrie, la Palestine…
Les islamistes au pouvoir doivent abattre l’Occident l’imiter ou s’en séparer, trois choix relevant de trois miracles.-Abattre : ce n’est pas l’envie qu’ils leur manque mais pour le moment c’est mission plus qu’impossible. Les roumis résistent aux coups de canif façon Merah : des enfants par ci quelques militaires par là dont les racines sont aussi occidentales que celle de leur bourreau.- Imiter : Il faudrait islamiser la modernité ou moderniser l’Islam. On sait qu’il n’y a pas que des fanatiques analphabètes, il y a des docteurs des avocats des ingénieurs…, l’Egypte en est un bel exemple. Mais pour être toubib, il ne suffit pas d’apprendre les versets coraniques et pour être imam, l’anatomie du corps n’est pas nécessaire. A chacun sa sphère et si on a la volonté d’acquérir ces deux formations, les unifier exige des capacités supranormales pas encore atteintes par aucun être humain. – Se séparer : Mais comment survivre avec du pétrole imbuvable et loin des affolants gadgets dernier cri dont seule la technologie occidentale a le secret ?… En attendant la lampe frottée du génie, rien à l’horizon. Ni Hamas de Gaza n’a réussi à détruire Israël comme il le promettait avant son accession au pouvoir, il doit sa survie à la rahma occidentale, et les « enfants de la pierre », qui affrontaient l’armée ennemie pendant que ceux de leur âge allaient à l’école, ont disparu sous sa baraka. Et que dire des Mollahs d’Iran qui s’acharnent sur le nucléaire abandonné par l’Allemagne le Japon qui n’ont aucune goutte de pétrole. S’ils arrivent, en affamant et en préservant des bombardements leur population, à fabriquer une arme nucléaire classée génération papy, au plus la cible sera le croissant rouge voisin, la croix de David est affaire plus compliquée.
L’Afghanistan et sa victoire sur les statues géantes de Bouddha donnerait peut-être des idées aux nouveaux pharaons de l’Egypte au sujet des pyramides nourricières certes mais impies à 100%. Et la dernière trouvaille de cette sommité saoudite, président du collège des grands savants, la plus haute autorité de l’Islam wahhabite qui vient de lancer une fatwa pour détruire les rares églises existant sur la presqu’ile arabique. (3)… Quant aux fondamentalistes made in bled qui s’apprêtent à prendre tout le pouvoir, ils devront nous expliquer un jour l’énigme du massacre des d’enfants dont le nombre dépasse largement les 3 Toulousains ou inventer le virus de l’amnésie et nous l’inoculer à vie. Quant aux décisions qu’ils pourront prendre à l’avenir, comme leurs prédécesseurs, ils savent que le monde a déjà ses Maîtres et qu’ils doivent compter avec de gré ou de force.
Mimi Missiva