Le mécontentement né suite aux dernières factures trop élevées d’électricité et de gaz que les ménages des communes de Haïzer et Taghzout ont reçues pour le compte du premier trimestre 2017 ne cesse de s’amplifier.
Après les actions de protestation organisées devant l’agence commerciale Larbi-Ben-M’hidi de Bouira en avril dernier et les différentes rencontres que les représentants de ces citoyens ont eues avec d’abord le directeur de la Direction de distribution de Bouira, à deux reprises mais sans aucune avancée notable, puis avec le chef de daïra, également sans résultat, les dizaines de citoyens de la commune de Haïzer ont décidé, hier, de passer à une vitesse supérieure en appelant à un rassemblement devant le siège de la daïra suivi d’une grève générale.
Hier, lors de notre déplacement sur les lieux, et tandis que la majorité des commerçants a répondu à l’appel en fermant magasins et boutiques, des dizaines de citoyens en colère étaient rassemblés devant le siège de la daïra. Ils étaient tous là pour réclamer la présence du wali, ou du moins du directeur de la Direction de distribution de Bouira pour avoir des explications sur ces hausses anormales des factures d’électricité et de gaz, d’un seul coup.
Ainsi, sur place, alors que la tension montait surtout avec la présence des forces anti-émeutes de la police, stationnées devant le siège de la gendarmerie à l’entrée ouest de la ville de Haïzer et à quelques dizaines de mètres du lieu du rassemblement, certains protestataires qui sont des pères de famille nous ont montré leurs factures dont les montants s’élèvent chacune à plus de 11 000 DA, 18 400 DA et même 24 000 DA.
Un père de famille, qui touche 15 000 dinars, nous parle tout en larmes. «Je touche 15 000 dinars avec une famille nombreuse, sans aucun autre revenu et je reçois une quittance d’électricité de 20 000 dinars. Qu’est-ce que je vais faire ? Comment pourrai-je payer cette facture ? Qu’ils nous tuent et qu’ils en finissent une bonne fois pour toutes avec nous !», tonne-t-il sous les regards médusés des présents avant qu’un autre ne prenne le relais : «Regardez, j’ai reçu une facture de 43 000 DA alors que d’habitude, je ne paye pas plus de 5 000 DA par trimestre. Comment pourriez-vous m’expliquer cela, si ce n’est du vol caractérisé.»
Cela étant, les protestataires demandent à rencontrer le directeur de la Direction de distribution de Bouira pour essayer de trouver une solution surtout pour les familles auxquelles les agents de la DD de Bouira ont procédé à la coupure du gaz en arrachant les compteurs. Une opération qui a été menée ce samedi et qui a touché une soixantaine de familles à Haïzer.
Rappelons que cette opération de coupure d’électricité et de gaz a été précédée par la diffusion d’un communiqué mercredi dernier dans lequel la DD de Bouira rappelle qu’elle est décidée à passer à l’action après que les créances détenues par ces abonnés à travers les localités de Haïzer, Taghzout et Bouira-Est, qui totalisent quelque 3 411 abonnés, eurent atteint 22,5 millions DA.
Hier, après cette action citoyenne organisée à Haïzer, nous avons contacté la chargée de communication de la DD Bouira qui nous a informé que ces factures élevées peuvent être causées soit par erreur, soit à cause d’un cumul puisque la majorité des compteurs sont inaccessibles aux agents et de ce fait, les factures sont généralement établies au forfait et ce n’est que dernièrement, après l’installation du système de relève électronique par indice que les factures sont établies avec une consommation réelle en incluant les écarts constatés jusque-là ; ou alors, et c’est la troisième possibilité, il s’agit de consommations réelles mais abusives de l’électricité et du gaz et pour lesquelles les ménages ne se rendent compte que lorsqu’ils reçoivent les factures et les montants de leur consommation.
Cela étant, et toujours d’après la chargée de communication, des bureaux de conseil et d’écoute ont été créés au niveau des agences et les responsables de ces bureaux sont là pour écouter toutes les doléances des abonnés. Des abonnés qui, rappelle encore notre interlocutrice, peuvent prétendre à un échéancier de paiement pourvu que cela se fasse dans un cadre organisé et responsable, mais, cela se fera au cas par cas et concernera uniquement les ménages qui sont dans le besoin.
En attendant, les dizaines de protestataires étaient rassemblés devant le siège de la daïra pour exiger la venue du directeur de distribution de Bouira et le rétablissement des compteurs de gaz que ses agents ont emportés ce samedi, laissant ces familles sans gaz et, donc, sans repas et surtout sans lait chaud pour les enfants au petit matin.
La tension montait et le wali de Bouira est également pointé du doigts puisque les représentants de ces deux communes rappellent qu’ils s’étaient déplacés le 2 mai dernier au siège de la Wilaya pour le voir dans l’espoir qu’il les aide à trouver un terrain d’entente avec la Sonelgaz mais, le wali les a orientés vers le chef de cabinet ; ce qu’ils ont refusé.
Cela étant, rappelons ici un détail très important : si ces factures sont élevées du fait du cumul de consommation après plusieurs factures antérieures payées au forfait et sans que l’abonné soit avisé, pourquoi la DD a fait d’un seul coup l’addition de tous les reliquats pour se retrouver dans le cas présent avec parfois quatre tranches de prix, alors que la consommation des ménages était normale et devait être calculée sur la base des coûts de la première tranche seulement, ou, au pire des cas, de la deuxième tranche, pas plus ?