Pour préserver la mémoire targuie, Le «guenga» et le «tindi» défient la guitare

Pour préserver la mémoire targuie, Le «guenga» et le «tindi» défient la guitare

– Le chant et la musique touareg relatent le vécu du nomade. Ils racontent, également, les légendes et histoires du peuple du tifinagh, à travers les peintures et gravures rupestres du Parc national du Tassili.

Le chant et la musique touareg comptent parmi un patrimoine culturel immatériel, basé en l’occurrence, sur la littérature et la poésie orales, à l’échelle du grand Sud de notre pays, notamment au Sud-Est, d’où la nécessité de le sauvegarder, de le préserver et de le protéger des vols.

«Les Touareg qui, depuis la nuit des temps, se sont exprimés par les peintures et gravures rupestres, ont laissé leurs traces par rapport à leur culture locale», nous dit Hafidha El Iyadhi, enseignante et chercheur en histoire du Maghreb et du Sahara aux époques anciennes, au niveau de l’université de M’sila.

Elle intervenait autour du thème : «L’identité civilisationnelle des Touareg entre l’environnement géographique et les origines historiques», lors du festival du chant targui à Ilizi. Le folklore targui a nettement évolué, selon le chercheur Zendri Abdennabi, spécialisé dans le patrimoine populaire chez Imouhagh Touareg, au sein du centre universitaire Moussa-Akhamoukh à Tamanrasset. «Même si elles sont basées sur le folklore populaire, les troupes modernes n’atteignent pas leurs objectifs car les spectacles sont limités à la gent masculine», a-t-il cité dans sa communication, rappelant que le folklore targui avait un rôle social dans la société imouhagh, guidée par la femme. Le festival local de la musique targuie, dont la 5e édition a eu lieu du 14 au 18 octobre à Illizi, est justement une occasion de permettre la découverte de nouveaux talents qui participent indéniablement à la préservation du patrimoine millénaire des Touareg.

Selon le commissaire du festival, Mokhtar Guermida, le chant et la musique touareg de Tamanrasset, d’Adrar ou d’Illizi sont une belle expérience humanitaire formée et imposée grâce à ces artistes et poètes qui ont su préserver ce patrimoine. Le festival, selon un participant, a permis d’exprimer des cultures restées longtemps cloîtrées sous la kheima au fin fond du désert. «A cet effet, nous pouvons citer l’exemple des habitants de Tachrouna, Hay-el-hadb, El-Cambo, Sisi Beslah Tikniouine, Aherher, Ihrir, In Amenas, Ifni, Tkhamelt Illizi, Ouene Oudad et j’en passe, qui ont toujours mené leur vie de nomade en sillonnant le désert.

Ils sont réputés pour l’animation de festivités populaires couronnées de danses et chants, tous modes confondus, à l’image du tindi, de l’alioune, le tahigelt, l’arikess, et pour la fabrication d’outils et d’instruments de musiques locaux, comme l’imzad, le tazemart et le guenga», nous a expliqué un représentant de l’association culturelle Ihiragh d’Illizi.

Connu depuis les années 90, l’artiste Salah Ariallah d’Illizi, chanteur targui qui s’accompagne du luth, du violon et du synthétiseur qu’il a intégré à la place de la derbouka (el iqaa), estime que «notre musique targuie a beaucoup évolué mais le luth recule.

La musique et le chant touareg vont continuer, mais le luth a tendance à disparaître», nous dit-il appelant les jeunes artistes touareg à aller de l’avant avec leur patrimoine musical. El hadja, l’artisane spécialiste en cuir, Siamma, insiste également sur l’importance de la préservation de l’art culturel local.

S.L