Pour NABNI, le système éducatif est aussi coûteux qu’inefficace

Pour NABNI, le système éducatif est aussi coûteux qu’inefficace
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En dépit des efforts consentis par l’Algérie dans le domaine de l’éducation, pour lequel des budgets importants ont été alloués tout au long des 50 dernières années, avec notamment la généralisation de l’accès à l’école primaire (de moins de 85% en 1980 à plus de 97% en 2011), beaucoup d’efforts restent à faire pour hisser la qualité de l’enseignement chez nous.

Le constat est sans appel : la qualité de l’enseignement en Algérie est « largement inefficace » du point de vue du think-tank indépendant NABNI (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées).

Diverses réformes ont été menées, notamment dans les années 2000, mais celles-ci ont été faites « sans une évaluation précise des carences du système éducatif et sans la construction d’indicateurs de qualité et de performance qui puissent permettre un réel pilotage du système éducatif », constatent les animateurs de cette initiative lors d’un débat organisé mercredi à Alger autour de la thématique de l’éducation. Or,l’instauration d’une culture de l’évaluation s’avère indispensable pour provoquer une réelle rupture et améliorer la qualité de l’éducation, selon Elias Chitour, économiste et membre du groupe NABNI, qui a présenté mercredi les grandes lignes du rapport de son organisation dans son volet éducation.

Coût prohibitif du système

LG Algérie

D’après Elias Chitour, les taux de redoublement qui ont touché 11,29% des élèves dans le primaire sur la période 2006 – 2009, et 16% dans le secondaire sont des indicateurs de l’échec du système éducatif. « L’échec scolaire reste considérable, le taux d’achèvement du premier cycle du secondaire s’élevait à 89,8% sur la période 2006-2009.

Il faut ajouter à cela un coût par diplômé prohibitif (plus de 500% du PIB/tête) et une faible qualité de l’enseignement comme en témoignent les performances des jeunes algériens aux Trends in International Mathematics and Science Study TIMSS en 2007 », a-t-il relevé. Ces remarques ont bien évidemment été consignées dans le rapport 2020 de NABNI.

Les filières scientifiques en chute libre

L’économiste relève par ailleurs que le système éducatif algérien demeure « très inégalitaire », avec de fortes disparités régionales (voire même entre établissements scolaires), ainsi qu’un poids important de l’appartenance sociale sur la réussite scolaire.

Aussi, alors même que le chômage des jeunes demeure « très élevé », les formations dispensées « ne sont pas en adéquation » avec les besoins de l’économie et la part des étudiants du supérieur inscrits dans les filières scientifiques et techniques est en chute libre. D’autre part, les performances de notre pays dans le domaine de la recherche scientifique (tant fondamentale qu’appliquée) sont également « très décevantes », juge Nabni.

En effet, l’Algérie produit très peu de publications scientifiques et dépose un nombre très limité de brevets (0,01 de brevets accordés par l’USPTO (Bureau américain des brevets et des marques de commerce », instance administrative chargée d’émettre des brevets et des marques déposées aux États-Unis NDLR) par millier de personnes entre 2005 et 2009).

Les recommandations de NABNI

L’initiative citoyenne NABNI recommande de réduire les inégalités sociales en matière d’accès au savoir, de réussite scolaire, de moyens budgétaires. « Cet objectif d’équité a été en grande partie atteint en termes d’accès. L’enjeu aujourd’hui est que la qualité du système, les chances qu’il offre aux diplômés de trouver du travail et que les savoirs acquis soient améliorés de manière équitable dans toutes les strates de la société, dans toutes les wilayas du pays », note le rapport.

Il est également primordial de hisser la réussite scolaire pour tous au rang de priorité majeure du système éducatif. « L’échec scolaire est un véritable handicap pour l’insertion des jeunes Algériens au sein de la société, et il constitue également une grande source d’inefficacité de la dépense publique », a-t-on relevé. Dans le domaine de la recherche, les membres de NABNI préconisent de valoriser la recherche et créer de fortes incitations pour les universités et les chercheurs, en incluant des critères liés à la recherche dans l’évaluation de la performance des universités (ex : publications, brevets etc.).