Les rumeurs de fraudes avérées ou pas, au point où la majorité des électeurs ont manifesté une certaine aversion aux urnes
L’échec des élections législatives du 10 mai 2012 pourrait précipiter l’Algérie dans une crise selon les leaders de certaines formations politiques qui ont décidé de participer à ce scrutin.
Les Algériens ne semblent pas manifester d’inquiétude outre mesure, à l’issue du scrutin du mois de mai. Pour la plupart d’entre eux, la vie continuera avec les aléas et les difficultés qu’ils ont eu à affronter jusqu’à ce jour (flambée des prix des produits de consommation de base, des viandes, des fruits et légumes…).
Des élections, ils en ont connu: sous l’occupation française, l’époque du parti unique, puis celle du multipartisme jusqu’à aujourd’hui. Les rumeurs de fraudes avérées ou pas, ils ont en tellement entendu au point où la majorité d’entre eux ont manifesté une certaine aversion pour les urnes.
65% des inscrits ont décidé de ne pas voter. Une preuve que l’Algérie avance inexorablement sur le chemin de la démocratie. L’affaire de la prétendue manipulation du fichier électoral qui concernait l’inscription de militaires hors des délais fixés par la loi a constitué une opportunité pour jeter le doute sur le bon déroulement du scrutin du 10 mai. Les responsables de parti n’ont pourtant pas attendu ce qui est désormais une parenthèse depuis que le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur, Mohamed Talbi, a rejeté mardi ces accusations sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, pour émettre des doutes sur la transparence des prochaines élections législatives.
Dans un entretien téléphonique accordé à l’Expression, publié le 28 décembre 2011, le patron du Mouvement de la société pour la paix a ainsi répondu au secrétaire général du Front de libération nationale qui a prédit un taux compris entre 35 et 40% pour les islamistes. «De telles déclarations signifient qu’il y aura une fraude. Les élections ne sont pas une affaire de pronostics, mais elles expriment la parole du peuple lorsque celle-ci est respectée» a déclaré Bouguerra Soltani. Et d’ajouter: «Je vous avertis contre ces réflexes du parti unique qui réfléchit selon le principe des quotas. L’élection est une volonté du peuple et non pas de l’administration» avait-il averti.
Un pas en avant, deux pas en arrière, dirons-nous. Ceux qui ont décidé de se lancer à l’assaut du Palais Zighout Youcef avancent prudemment et avec une crainte non dissimulée de voir leur tentative faire chou blanc. Ils prennent même à témoin ceux dont ils sollicitent le suffrage et la légitimité: plus de 18 millions d’électeurs inscrits en 2007. Seront-ils nombreux à se rendre aux urnes? Cela dépendra en grande partie du degré de persuasion des candidats. Les tribuns ne manquent pas. Comment les choses se présentent pour l’instant? Les sorties médiatiques de ceux qui animeront la campagne électorale ne sont pas faites pour inciter les électeurs à se rendre en masse aux urnes. Et pourtant l’abstention est crainte comme la peste.
«Les élections législatives du 10 mai prochain constituent un virage décisif dans l’histoire de l’Algérie. Si on le rate, c’est l’abîme», a prévenu, mardi, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, à l’occasion d’un meeting qu’elle a tenu à Lakhdaria dans la wilaya de Bouira. Le FFS «ne croira aux garanties avancées par les autorités qu’une fois le scrutin est passé», a indiqué, le premier secrétaire du Front des forces socialistes, Ali Laskri, dont la participation de son parti au scrutin du 10 mai, donnera probablement une autre saveur à ces élections législatives de 2012. Dans un meeting tenu à Tlemcen, le président du Front pour la justice et le développement, Saâd Abdallah Djaballah, avait appelé à «une révolution des urnes pour réaliser le changement auquel aspire le peuple». Cet appel sera-t-il entendu? Pas si sûr. la classe politique ne semble pas vouloir se remettre en cause pour comprendre le désamour que leur manifestent les citoyens blasés par la gestion et les promesses non tenues de leurs élus qui n’ont pas répondu à leurs attentes. L’opportunité leur est offerte dans deux mois pour faire peau neuve…