Pour mettre fin aux disputes des partis La presse nationale sonne l’alerte

Pour mettre fin aux disputes des partis La presse nationale sonne l’alerte
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A chaque fois que la nation chavire, la presse vient tremper sa plume dans l’engrenage politique pour jouer un rôle qui, en principe, n’est pas le sien.

Alors que l’opposition et les partis de la majorité descendent dans un champ de mines pour s’adonner à un duel, la presse nationale sonne le tocsin. Face à des perspectives sécuritaires sombres dans la région et au brasier qui menacent nos frontières, de nombreux journaux ont pris l’initiative d’enclencher un débat, de susciter des réactions, voire même d’agiter des idées.

Dans son édition d’hier, L’Expression renvoie dos à dos les partis de l’opposition et ceux de la majorité présidentielle. Le journal trouve «douteux le combat» tel qu’il est mené par les deux tendances de la scène politique.

Le journal estime que certains partis au pouvoir excellent quand il s’agit de charger l’opposition. «Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia ne ratent aucune occasion pour insinuer des agendas étrangers d’une partie de l’opposition et vont jusqu’à coller à celle-ci quelques appartenances idéologiques avec Daesh, rien de moins.

LG Algérie

Le propos est donc très dur et les accusations à la limite de la diffamation.» Mais, les partis de l’opposition ne sont pas en reste. «Ils dressent un tableau noir de la situation politique, économique et sociale du pays, au point d’effrayer leurs auditoires. A bien entendre beaucoup de leaders de l’opposition, le pouvoir fait presque exprès de conduire le pays dans les bras de Daesh», nuance L’Expression relevant «la violence sans pareille et la cible, le pouvoir en l’occurrence, est décrit comme plus que dictatorial».

Le Temps d’Algérie pour qui il ne se fait pas de doute quant à la situation doublement délicate, la menace de Daesh aux frontières et l’amenuisement des recettes, convoquent la terrible sentence de feu Mohamed Boudiaf:«Où va l’Algérie?», soulignant que «les rancoeurs politiques plombent le «front national» contre les menaces externes».

Pour Le temps d’Algérie, le tableau de bord est suffisamment inquiétant pour «inciter pouvoir et opposition à retisser les liens pour négocier, sans trop de casse, ce virage dangereux». «Et qu’observe-t-on sur la scène politique? Des partis qui se regardent en chiens de faïence et qui échangent des amabilités terriblement terre à terre sur fond de discours politique au ras des pâquerettes», regrette Le Temps d’Algérie.

Le quotidien Liberté hausse le ton, soulève le couvercle avant de semer le doute et le doute ne profitera pas au pouvoir. Le journal y voit dans ces alertes une diversion… un chantage. «L’appel devient suspect dès lors qu’il émane du pouvoir (…)» A cette méfiance, Liberté a son explication: «Le pouvoir a tellement recouru, par le passé, à la surenchère, voire au chantage à l’insécurité pour se sortir des impasses politiques dans lesquelles il s’enlisait, qu’il lui est, aujourd’hui, difficile de valider son projet auprès de l’opposition.» Le confrère arabophone Al Khabar relève la même alerte en énumérant une série de menaces sécuritaires.

L’elimination de l’émir de Daesh à Tipasa, la réunion des «5+5» prochainement à Alger, le retour d’Al Qaîda en Afrique avec le dernier attentat terroriste à Abidjan avant de souligner l’alerte maximale aux frontières allant jusqu’à révéler des «appels aux citoyens pour une éventuelle incorporation dans les rangs de l’ANP». Peut-être que le journal suggère-t-il un rappel des réservistes, une éventualité qui par ailleurs n’est pas à l’ordre du jour. En somme, le dossier sécuritaire a mobilisé la presse qui, elle, a vainement tenté de secouer le corps d’une classe politique inerte.

A chaque fois que la nation chavire, la presse vient tremper sa plume dans l’engrenage politique pour jouer un rôle qui, en principe, n’est pas le sien. Ces incursions impromptues d’une presse jeune et fougueuse n’ont pas toujours eu un happy end. L’indigence intellectuelle et la myopie de la classe politique se sont soldées par une onéreuse facture en vies humaines durant les années 1990. Les journaux algériens se sont prêtés à ce jeu auquel ils n’étaient pas préparés. Mais qu’importait à l’époque le jeu puisque l’enjeu était de venir au secours de la République menacée dans son existence même.