Pour lutter contre la délinquance routière : Oran installe des pièges à chauffards

Pour lutter contre la délinquance routière : Oran installe des pièges à chauffards

Dans la journée d’hier, plus de 200 chauffeurs se sont vu retirer leur permisaprès avoir été entendus.

«Interceptez la Mercedes de couleur noire portant une immatriculation étrangère, elle roule à 100 km/h.» Aussitôt le signalement donné par l’opérateur Radar, la Mercedes a été immobilisée par les agents qui ont dressé un barrage à moins de 500 mètres de l’emplacement de l’appareil.

Le chauffeur se met à jurer qu’il roulait à moins de 50 km/h. Le chef de brigade Radar, Sefih Sidi Mohamed, a informé le fautif que l’amende, suivie du retrait de permis de conduire, est de 2000 dinars.

Pour éviter toute mauvaise interprétation des choses, le même chef de brigade a, sur-le-champ, fait lecture des droits du conducteur l’invitant à se présenter au bureau n°38 de la sûreté de wilaya pour prendre connaissance de l’image de la voiture roulant à vive allure.

Dans la deuxième option, le conducteur peut introduire une demande auprès du procureur de la République pour de plus amples vérifications. «On ne badine pas avec la sécurité des personnes sur les routes», a-t-il lâché.

Ces déclarations ôtent tout espoir à un autre contrevenant en attente d’une éventuelle clémence des policiers qui lui ont infligé la lourde sanction: un procès à payer dans les délais ne dépassant pas 10 jours tandis que le sort de son permis de conduire sera décidé après étude de son cas par la commission de wilaya.

Au milieu de la chaussée, un agent, qui a intercepté un véhicule de marque Ford, pour excès de vitesse et défaut de présentation de papiers, a engagé une vive discussion avec un conducteur qui s’est opposé à l’immobilisation de la voiture tout en refusant de lui remettre les clés du véhicule.

Face au terrorisme routier, les amendes et les retraits de permis de conduire constituent les seuls moyens d’action coercitifs des policiers programmés comme des logiciels. La finalité étant de faire baisser le nombre d’accidents tout en faisant appliquer le Code de la route dans toute sa rigueur. En effet, près de 5000 retraits ont été opérés depuis le début de l’année à ce jour, soit une moyenne de 30 retraits par jour. Dans la journée de lundi, plus de 200 conducteurs, qui ont été entendus, ont tous été sanctionnés par des retraits de permis allant de 2 à 6 mois.

«La route continue à faucher des vies humaines tandis que des centaines, voire des milliers de chauffards se moquent royalement du Code de la route, ancien ou nouveau», a regretté un policier en faction dans la voie express qui lie la commune de Bir El Djir à la commune d’Oran via le rond-point de Nekkache à l’Usto. Et ce dernier d’ajouter que «seuls le Radar, les retraits de permis et les amendes peuvent ramener les fous de la vitesse à la raison». Alors que le chef de brigade Radar sensibilisait les terroristes des temps modernes, les chauffards sont restés perplexes. «Mais où a été donc placé ce maudit radar?», s’est demandé un vieux qui a reconnu son erreur dans l’espoir d’anadouer les policiers.

La réponse lui a été apportée par l’une des deux policières, à bord du fourgon, qui l’invite à passer à la wilaya pour s’informer de la date de sa présentation devant la commission des retraits de permis de conduire. Cette phrase est tombée comme un couperet sur le reste des chauffards interceptés en attente de la clémence des policiers.

200 permis retirés chaque jour

Les retraits de permis de conduire et les procès de 2000 DA constituent les pénalités qui font trembler les délinquants du volant, inventant des histoires rejetées en bloc par les opérateurs du Radar. Des jeunes frimeurs jouent les innocents, d’autres usent et abusent en se faisant passer pour des cadres de la Sonatrach et directeurs des grandes entreprises alors que d’autres aggravent leurs cas en déclarant être en bons termes avec des commissaires et autres cadres supérieurs de la Dgsn.

Les Oranais ignorent le nouveau code

Autant d’exemples concrets qui continuent à animer la route tandis que le Radar, ce petit joujou, continue à faire mal en renvoyant l’image des voitures renseignant sur leur vitesse et leur immatriculation. Aucune fuite ni tricherie n’est possible avec la technologie. Des chauffeurs ignorent même la nature de la route.

A l’une des interceptions, un conducteur ne comprend pas les raisons de la limitation de vitesse à 60km/h sur l’autoroute. Il s’agit de la voie express qui lie Bir El Djir (est d’Oran) aux Amandiers (ouest d’Oran). Cette route, située en plein centre urbain, a été le théâtre de plusieurs accidents mortels. L’excès de vitesse est ce phénomène qui a endeuillé des centaines de milliers de familles, handicapant des milliers d’hommes et de femmes. Ils ont tous cette idée obsédante: accélérer au maximum vu l’amélioration, ces dernières années, de l’état de la chaussée.

La saison estivale est à son summum. L’alarme est tirée vu le flux important d’estivants. La frime fait monter l’adrénaline de plusieurs crans, des jeunes et moins jeunes, même des vieux et des vieilles appuient sur l’accélérateur, notamment le matin.

Les accidents de la circulation ne sont pas près de baisser.

A Oran, ce sont près de 500 accidents causant environ 500 victimes dont une trentaine de décès et plus de 450 blessés, qui ont été enregistrés durant les six premiers mois de l’année en cours. Tant pis pour les retardataires et les négligents, semblent dire les responsables du transport, la gendarmerie, la police et toutes institutions en charge de la mise en application du nouveau Code de la route. Un véritable casse-tête est posé aux usagers de la route.

La moindre pression de plus sur la pédale, peut s’avérer fatale aux conducteurs et aux piétons. La menace de retrait de permis et une grosse amende sont comme des épées de Damoclès, les Radars imprévisibles sont en place un peu partout dans les points noirs. Si les moins vigilants bravent le Code de la route, ils bavent et suent, tout de même, lorsque les membres de la commission de wilaya chargés d’étudier leurs cas annoncent des retraits de longue durée.

Ainsi, à la suite d’une séance tenue, lundi, tout en promettant de ne plus récidiver, l’un des contrevenants n’a rien trouvé de mieux à dire que d’affirmer n’avoir pas eu vent du dernier amendement opéré.

Le train est passé, le nouveau Code de la route a été mis en oeuvre à partir du mois de mars, après plus de deux mois de larges campagnes de sensibilisation.

La wilaya d’Oran s’apprête à abriter la Semaine nationale sur la prévention contre les accidents de la circulation. Des cours de conduite et plusieurs conférences sur les risques de la route seront donnés.

Wahib AÏT OUAKLI