Pour les deux seuls postes frontaliers d’El-Tarf ,Un millier de véhicules impliqués dans le trafic de carburant

Pour les deux seuls postes frontaliers d’El-Tarf ,Un millier de véhicules impliqués dans le trafic de carburant

Un immense trafic de carburant s’est installé, au grand jour, du côté de la bande frontalière de l’extrême est du pays et plus précisément à partir des postes frontaliers d’Oum-Tboul et El-Aïoun, dans la wilaya d’El-Tarf, soit à 700 km d’Alger. Au lendemain de la chute du régime de Ben Ali, les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à venir en Algérie pour s’approvisionner en carburant, ont reconnu des douaniers et des agents de la PAF.

Peu avant le mois de Ramadhan, plus de 500 véhicules immatriculés en Tunisie passent quotidiennement, dit-on, à ces deux postes frontaliers. Cependant, 90% d’entre eux sont des trabendistes, spécialisés dans le trafic du carburant. Dans les localités frontalières, ils sont connus sous l’appellation de hallabas. Nous avons constaté sur place que la plupart d’entre eux traversent les frontières pour quelques heures seulement. En fait, le temps de faire le plein en carburant dans des stations-service d’Oum-Tboul ou carrément d’El-Kala, avant de faire demi-tour et peu importe de quel poste. Car, il ne sera jamais dérangé. “Ces derniers passent les frontières avec quelques litres dans le réservoir, le temps d’y arriver seulement à une station locale”, a dénoncé un agent de la PAF. Pis encore, le même trafic est constaté du côté des wilayas de Souk-Ahras (postes El-Hdada et Ouled-Moumen) et Tébessa (El-M’ridj, Bouchebka, Ras El-Aïoun). À cela, il faut ajouter l’existence de plusieurs filières spécialisées du côté algérien, qui opèrent dans chaque région, au même titre que les trafiquants tunisiens. Le prix du carburant, l’essence ou le gazole dans les stations-service locales, y étant nettement moins cher. Selon un douanier, les 50 litres d’essence, par exemple, coûtent environ 70 dinars tunisiens, l’équivalent de plus de 5 000 DA et qu’à ce prix, les automobilistes tunisiens évitent de s’approvisionner dans des pompes préférant recourir au marché informel alimenté par des hallabas. Même du côté algérien, des filières similaires sont très actives dans cette zone mais aussi à Bouhadjar dans la wilaya de Souk-Ahras. Il s’agit ici d’une véritable saignée de l’économie nationale. Selon des touristes algériens qui rentraient au pays après un séjour en Tunisie, entre Tabarka et Aïn Sbaâ et El-Kef et Testour, il y a plus d’une trentaine de points de vente clandestins qui ont vu le jour et qui proposent sans gêne aucune aux automobilistes de passage toute sorte de carburants, de l’essence normale au sans plomb, et du gasoil à des prix défiant toute concurrence. Selon nos sources, “durant le mois de Ramadhan, quelque chose comme 80% des personnes enregistrées à l’entrée sont d’origine tunisienne. Ce sont pour la plupart des hallabas. Des habitants des villes proches de la bande frontalière viennent, notamment, chaque journée de mardi qui coïncide avec le souk d’El-Kala, pour faire leur marché. D’autres se rendent jusqu’à Annaba, Tadjenanet, Aïn M’lila ou à El-Eulma, attirés par les bonnes affaires qu’ils peuvent y dénicher, des effets vestimentaires et du matériel de cuisine en général, surtout en inox”. Mais, aux yeux des douaniers au même titre que ceux des agents de la PAF, si trafic il y a, ce sera plutôt par les chemins de travers qu’utilisent les réseaux de contrebandiers à travers les monts aux reliefs accidentés de la bande frontalière.



B. B