Le prix Nobel pour la paix, Tawakol Karmen a qualifié les élections présidentielles en Algérie de « mascarade » et a déclaré que le président passe «le clair de son temps en réanimation ».
Notre pays est la cible de l’ironie du prix Nobel de la paix après le dénouement des élections présidentielles, le 17 avril dernier, à l’issue desquelles le peuple algérien a réélu le président Abdelaziz Bouteflika.
C’est la militante et activiste yéménite Tawakol Karmen qui critique la victoire du président sortant affirmant que « la fraude a commencé quand un certificat médical falsifié attestant de la bonne santé physique et mentale du président Bouteflika a été remis au Conseil Constitutionnel afin de remplir les conditions constitutionnelles et juridiques pour se représenter à nouveau », a-t-elle déclaré au site almasryalyoum.com. L’activiste précise qu’il « n’y a pas plus difficile que de falsifier un certificat médical à une personne que tout le monde connait paralysée et qui passe son temps dans les urgences ». Et d’ajouter que «les élections étaient une véritable mascarade et blessent la dignité du pays d’un million et demi de martyrs ».
La militante Tawakol Karmen a insisté sur le fait qu’elle ne s’attaque pas à la personne du président de la République qu’elle « respecte pour son parcours en tant que héros de la guerre de libération nationale et pour ses réalisations en tant que président ». Toutefois, selon elle, les révolutions aussi nobles soient elles « poussent à concrétiser la volonté du peuple et non à la monopoliser par ceux qui ont guidé ces révolutions. Les peuples ont tendance à oublier l’histoire du révolutionnaire tyran et il arrive que la haine que ressent le peuple se propage à la révolution elle-même », a-t-elle précisé.
L’activiste yéménite va plus loin en affirmant que « la constitution stipule que le président d’une République est obligé de remettre sa démission s’il s’est retrouvé dans l’incapacité d’exercer ses hautes fonctions. Comment voulez-vous qu’une personne ayant des besoins spécifiques puisse gouverner tout un pays ? », s’interroge-t-elle.
L’héroïne du Yémen se dit triste de constater que « le tableau de l’anéantissement s’est achevé en Algérie par l’élection d’un président qui a lui-même besoin d’être assisté ». Elle déplore que le peuple ait cru ne pas avoir de choix et que Bouteflika est « l’unique alternative ». « Les peuples ont toujours des options et la capacité d’agir et d’activer. C’est de l’anéantissement et des décombres que peut naître le printemps des peuples », a-t-elle ajouté.
Pour Tawakol Karmen, « les forces du changement possèdent toutes les options pour redresser le pays et elle a la capacité entière de prendre l’initiative ».
Enfin, l’activiste yéménite a analysé que depuis 24 ans, la situation va de pis en mal en Algérie et que le pays s’éloigne de plus en plus de la démocratie. « L’Algérie donne un exemple vivant de la vérité affirmant que la démocratie ne peut naître dans un système gouverné par les militaires ». L’activiste reste optimiste en précisant que la victoire du président algérien a fait naître une « masse citoyenne capable de guider le changement », conclu-t-elle.
O.S.