L’Algérie est le nouvel hyper-faucon de l’Opep affirme le Financial Time qui attribue ce « durcissement » à la faiblesse des investissements de Sonatrach et la perte de la « prime de qualité » du pétrole léger algérien en raison de la concurrence des pétroles de schistes. Le journal financier britannique en regrette, presque, le temps de Chakib Khelil. Une charge qui survient à la veille d’un séminaire entre les douze ministres de l’Opep, mercredi et jeudi, à Vienne dont les conclusions seront attentivement suivies par les marchés.
La récession en Europe et les perspectives moroses de l’économie américaine affectent directement les prix du baril qui semblent se fixer en dessous du seuil des cent dollars. Les prix sont depuis près de huit semaines orientés à la baisse sans qu’une tendance nette se dégage. Les marchés attendent la publication d’un communiqué de l’OPEP à l’issue d’une réunion au cours de laquelle le niveau des quotas de production sera abordé. Le marché semble continuer d’anticiper un maintien à leurs niveaux actuels. L’Agence internationale de l’Energie (AIE) estime dans son rapport mensuel « Oil market report », que la production a légèrement baissé de 20.000 barils/jour le mois dernier pour se situer à 31,87 millions de barils/jour. L’Opep évalue sa production à 31,58 millions de barils/jour alors même que le plafond de production avait été fixé à 30 millions de barils/jours en décembre dernier. Plusieurs pays de l’Opep attribuent la baisse des prix de près de 25% en deux mois à d’un «excès de production» sur le marché mondial, mettant en cause la forte hausse de l’offre saoudienne. Rejoignant le groupe formé autour de l’Iran et du Venezuela, Wilson Pastor-Morris le ministre équatorien du pétrole le déclare sans ambages : «Je pense clairement qu’il y a une surproduction actuellement sur le marché» du brut. Il a été relayé par son homologue libyen Abderrahmane Benyazza qui estime à 1,8 million de barils par jour (mb/j) l’excès d’offre sur le marché, alors que le vénézuélien Rafael Ramirez avait évoqué la veille une surproduction de 3 mb/j. Les conclusions du séminaire qui réunit mercredi et jeudi à Vienne les douze ministres de l’Opep seront observées à la loupe. L’Arabie saoudite a fortement augmenté son offre depuis décembre, passant de 9,45 mb/j à plus de 10 mb/j en mai, en arguant des difficultés de l’économie mondiale et de la forte contraction de la production iranienne -tombée à son plus bas niveau depuis 20 ans en raison des sanctions internationales. Malgré ces fortes divergences entre les pays producteurs, le secrétaire général de l’OPEPE Abdallah el-Badri s’est dit «certain que les Etats membres arriveront à un consensus» sur le niveau de production lors de leur réunion à huis clos jeudi.
Dans le « front du refus » irano-vénézuélien
C’est dans ce contexte annonciateur d’une « bataille des quotas » que le Financial Times a publié le 14 juin 2012 sous la signature de Javier Blas, un de ses experts en « commodities » un article intitulé « Algeria is Opec’s new über hawk », l’Algérie nouvel hyper-faucon de l’OPEP… L’Algérie après s’être alignée pendant des années sur la position de l’Arabie Saoudite aurait durci sa position et rejoint le « front du refus » irano-vénézuélien. Selon le quotidien britannique, le revirement algérien serait dû aux difficultés que le pays rencontre en matière budgétaire. Ainsi, après des années de dépenses publiques élevées, causées en partie par la crainte de la contagion du printemps arabe, le Fonds monétaire international (FMI) a averti de la dégradation des perspectives financières algériennes. Le FMI estime que les prix du pétrole devraient s’élever à 100 dollars le baril pour équilibrer le budget – à l’exclusion des paiements rétroactifs de salaires. Soit plus du double du niveau de 44 dollars le baril en 2006. De fait, l’Algérie a enregistré l’an dernier le deuxième plus important déficit budgétaire des pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient et Afrique du Nord avec un solde négatif égal à 3,6 pour cent du PIB. Seul le Yémen, avec un déficit de 4,4 pour cent du PIB, s’en tire moins bien. Ainsi pour le Financial Times « la hausse du seuil de rentabilité budgétaire du prix du pétrole a incité l’Algérie à rompre avec ses anciens alliés, l’Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats Arabes Unis, et à défendre les prix en compagnie de faucons notoires le Venezuela et l’Iran. » Le spécialiste du Financial Times met en avant le fait que le niveau de production algérien baisse en raison de l’incapacité de Sonatrach à effectuer les investissements nécessaires. En outre, la concurrence des pétroles de schiste a fait perdre la prime de qualité dont bénéficiait le pétrole léger algérien. Semblant regretter le départ du « respecté » Chakib Khelil, le FT brosse un tableau peu reluisant de la scène pétrolière algérienne dont la production qui avait atteint 1,4 mb/j début 2008 serait aujourd’hui de 1,1 mb/j sans espoir d’augmentation avant 2016.