Les employés d’Algérie Poste ont poursuivi hier, pour le 9ème jour consécutif, leur mouvement de grève. Un nouveau rassemblement a été organisé à la Grande Poste d’Alger, auquel ont pris part des représentants des travailleurs venus de plusieurs wilayas du pays. Les grévistes se sont dits déterminés à aller jusqu’au bout.
« Nous ne reprendrons pas le travail avant que nos revendications ne soient prises en charge par les responsables de l’entreprise » nous dira un porte-parole des travailleurs.
Selon lui, seul les dirigeants de l’établissement sont responsables des conséquences de cet arrêt de travail envers les clients. D’ailleurs, pour tenter de sauver la mise, la Direction d’Algérie Poste a mobilisé des hauts cadres de l’entreprise pour assurer le travail au niveau des guichets.
A la Grande Poste d’Alger, des centaines de citoyens ont pris d’assaut les guichets, afin de retirer leur argent. Sur place nous avons constaté la lourdeur du service et la colère des clients contraints à se ranger dans d’interminables files d’attente.
Un service minimum qui est loin de répondre à la forte demande exprimée. « C’est mieux que rien » nous dira un usager, bien qu’il n’était pas sûr de pouvoir retirer son salaire en raison d’un « monde fou » qui attendait.
Cette mesure est toutefois loin de régler le problème, en raison notamment du grand retard cumulé, mais surtout de la fermeture d’une grande partie des bureaux de poste, que ce soit à Alger ou dans bien d’autres wilayas du pays. A l’extérieur les protestataires ne décolèrent pas. « Ils veulent casser la grève en tentant de remplacer les travailleurs. C’est mesquin.
La solution existe, elle est simple, qu’ils nous rendent nos droits » nous dira un autre travailleur. Faute de réponse concrète aux revendications exprimées, le DG d’Algérie Poste, Mohand-Laïd Mahloul, a mis en avant, hier, les problèmes financiers de l’entreprise.
Selon lui, elle a été déficitaire durant plusieurs années. « Ce n’est qu’en 2012 que l’entreprise a enregistré un excédent, et ce, grâce à une subvention de l’État « , a-t-il déclaré sur les ondes de la Chaîne III.
Le DG d’Algérie Poste a aussi, appelé les employés à reprendre le travail. « Je demande aux employés d’Algérie Poste de faire preuve d’intelligence, de ne pas prendre les clients en otage, car on risque de les perdre, notamment avec les nouveaux services que proposent les banques », a-t-il dit. Tout compte fait, la situation devient sérieusement inquiétante. D’autant que dans certains bureaux de poste, la tension ne cesse de monter parmi les clients qui exigent leur argent et rouspète contre l’absence d’un service minimum.
Une tension que l’on craind de voir se généraliser dans les prochains jours, en cas d’absence de solutions à ce bras de fer qui perdure depuis plusieurs jours. Les responsables de la société et les cadres syndicaux Ugta (les deux décriés par les travailleurs, Ndlr) se sont réunis aujourd’hui (hier, Ndlr) en vue de dégager des propositions de sorties de crise.
Il reste à savoir quelle sera la réaction des travailleurs, qui ne se limite plus à l’amélioration de leur situation socioprofessionnelle mais exigent désormais, le départ du Directeur général ainsi que de leurs représentants syndicaux. Ces derniers sont accusés de ne chercher que leurs propres intérêts alors que le premier (le DG), ils l’accusent de mauvaise gestion.
Aomar Fekrache
