Pour la première fois en Algérie : Yahia Benamar adapte «la dernière bande» de Samuel Beckett

Pour la première fois en Algérie : Yahia Benamar adapte «la dernière bande» de Samuel Beckett

Inédit dans le théâtre. Le jeune scénographe et metteur en scène Yahia Benamar a réussi le pari d’adapter un monodrame d’une durée de 45 minutes de l’œuvre de Samuel Beckett «La dernière bande» longuement acclamée durant la représentation donnée dernièrement à la salle Hadj Omar du Théâtre national algérien.

Cette production s’inscrit dans le registre du théâtre absurde. Ce metteur en scène confie qu’il ne souhaite pas être assimilé aux existentialistes. «J’aime les textes qui traitent du désespoir et de la volonté de survivre, tout en bouleversant les règles dramaturgiques exactement comme Samuel Beckett».

La «Dernière Bande» texte de théâtre de Beckett a été créée en France en 1960. Ce monodrame traite du sujet d’un écrivain désappointé des aléas de la vie ; il célèbre ses 59 ans. Il passe les trois quarts de son temps à soliloquer et réécouter une cassette audio, une sorte de journal intime.

Il apparaît loufoque au vu et au su de la société. Pourtant, il sait ce qu’il veut étant donné qu’il déclame dans un des passages. «Je rêve de vivre avec une femme dans un monde sans Etat, sans militaire et sans opposition». Cette phrase nous démontre clairement que ce personnage est un pacifiste épicurien, vivant dans son propre univers. Ce personnage remarquablement campé par Lamir Nacceredine Bensaïd évolue sur une scène en forme de cercle, illuminé par un éclairage tricolore (vert, blanc et rouge).

Du foin jonche le parterre faisant office de décor. Une mise en scène qui renvoie à une signification métaphorique. «Celui qui a du foin dans son ventre a peur des flammes», selon un adage populaire cité par Yahia Benamar. A la distribution, le jeu du comédien est très naturel. Rires, réflexions et fortes ovations à répétitions, ont caractérisé cette programmation.

«Les préoccupations des couches vulnérables et marginalisées constituent la trame de cette représentation théâtrale», souligne Yahia Benamar. La pièce comprend un seul acte. Un rythme alterne les dialogues. Le spectateur n’est plus passif puisque l’œuvre fait appel à sa conscience sociale, d’une façon hilarante qui doit l’amener à changer la société.

Le but de la pièce est de toucher et faire réfléchir les spectateurs et les inciter à agir dans leur vie quotidienne. Cette pièce est écrite dans un langage simple (arabe dialectal et parfois classique) et met en scène un personnage facilement identifiable, accessible à tous.

Rappelons que Yahia Benamar a déjà mis en scène plusieurs pièces de théâtre dont deux célèbres. Il s’agit de «Le dernier train» et «Mezghena 95». Il a décroché le prix de la meilleure scénographie lors du festival national du théâtre professionnel (2008/2009). Il informe, par ailleurs qu’il est en train de collaborer avec Omar Fetmouche pour mettre en scène la pièce de théâtre «Fatma» en expression tamazigh. En parallèle, il ambitionne de travailler sur un autre spectacle pour enfants.

Samira Sidhoum