Ce lundi 24 mars, le journal francophone El Watan a publié un article sur l’entretien que lui a accordé Mouloud Hamrouche. Cette interview a été l’occasion pour M. Hamrouche d’exprimer encore une fois son point de vue sur la situation du pays.
Le chef de file des réformateurs commence par expliquer que selon lui, «le système, qui a atteint ses limites et ne peut plus se renouveler, ne peut plus gouverner dans la cohérence et la cohésion».
Mouloud Hamrouche revient ensuite, sur ses récentes déclarations, en continuant à appeler au changement, il dit : «Nous sommes face à un risque majeur. C’est dans ce sens que j’avais invité l’armée à ne pas s’impliquer dans le choix des hommes».
Répondant à une des questions du journaliste d’El Watan, qui revient sur son appel du 17 févier et qui lui demande : Dans quelles conditions politiques, selon lui, intervient cette élection présidentielle ? M. Hamrouche explique qu’il y des groupes qui gravitent autour du pouvoir formel et qui veulent exercer le pouvoir, sans la surveillance de l’armée et sans partage. Selon lui, ce pouvoir qui a été légitimé par l’armée avant de l’écarter en expliquant que l’institution militaire ne devait plus s’immiscer dans le champ politique, n’a plus vraiment de légitimé et cela pose un sérieux problème.
Mouloud Hamrouche continue en expliquant que dorénavant, «construire un consensus derrière l’armée autour de tel ou tel candidat n’est plus possible». Pour lui, toutes les conditions sont maintenant, réunies pour que le système s’effondre.
Il affirme que le but de son appel, intervenu à un moment où la Présidence et le DRS était en conflit, était de rappeler que « le problème ne réside pas dans des querelles, mais dans l’obsolescence du système politique. »
Selon M. Hamrouche, face à cette urgence et à ce risque qui est réel, la solution serait « d’élaborer un consensus national nouveau, fondé sur notre identité, notre sécurité et notre projet national d’instaurer un Etat démocratique fort, qui garantisse les droits et l’égalité entre tous les Algériens, en passant d’un système totalement autoritaire vers un système totalement ouvert et démocratique. ».
Quand le journaliste d’El Watan, demande à Mouloud Hamrdouche, s’il compte jouer un rôle dans cette transformation du système pour laquelle il appelle. L’homme politique déclare : « Je suis prêt à apporter ma contribution en termes de réflexion et d’implication. Je suis prêt à m’engager auprès de l’opinion et des citoyens pour les convaincre du bien-fondé de la démarche du changement. ». Selon M. Hamrouche, « Dans l’urgence, le pays a besoin de toutes les bonnes volontés, toutes les idées et aucune contribution n’est moralement récusable. ».
Et à l’interrogation : « Pensez-vous que vous seriez entendu ? », Mouloud Hamrouche, répond : « Le pays attend une telle démarche. Les citoyens veulent reprendre leur place dans le mouvement de l’histoire. Ils patientent, observent et prospectent les choix, les voies et les solutions qui sont offertes à eux. La solution la moins coûteuse leur donnera plus de voix et d’élan. Elle donnera au pays plus d’opportunités, plus de stabilité et plus de respectabilité. Et le pays cessera d’être mal vu et mal traité. »
Pour finir sur ce sujet de son appel à l’armée à veiller à ne «pas être enrôlée dans les conflits politiques et idéologiques», l’ancien officier explique que selon lui, « L’armée n’a pas à faire allégeance ».
Et en réponse à ceux qui ont avancé l’idée que ses déclarations étaient un appel du pied à l’armée pour le porter au pouvoir, Mouloud Hamrouche explique que déjà en 1995, il avait posé trois conditions pour être candidat. Il rappelle qu’il avait dit : « Je ne serai jamais contre le candidat de l’armée, je ne serai jamais candidat à une élection où les résultats sont établis d’avance, et je ne serai pas candidat contre Zeroual s’il se présente. » Et selon lui, déjà à l’époque, certains, n’avaient retenu que la première condition, en faisant croire à l’opinion que si l’armée l’appelait, il serait son candidat.
Durant cet entretien accordé à El Watan, Mouloud Hamrouche, s’est également exprimé sur la situation économique actuelle du pays. Selon lui, « Les données rendues publiques ne sont plus fiables et visiblement les structures officielles chargées de collecter les informations économiques n’ont plus les moyens et l’autorité pour le faire correctement. ».
Enfin, M. Hamrouche a expliqué qu’il ne voulait pas « polémiquer sur la santé du Président sortant » même si, selon lui, « Il est légitime de s’interroger sur les motivations qui poussent le système et ses hommes à imposer la candidature du président. », un président qui, pour lui, « est absent et continuera à l’être après le 17 avril ».
Concernant les affrontements qui secouent la wilaya Ghardaïa, Hamrouche s’est dit » peiné par ce qui se passe dans cette région ». Selon lui, « ce qui arrive est la conséquence de l’absence de gestion et un exemple édifiant sur les insuffisances de la gouvernance en Algérie de manière générale ».