Pour faire face à la crise, Lies Kerrar : “Il faut remettre de la confiance dans l’économie algérienne”

Pour faire face à la crise, Lies Kerrar : “Il faut remettre de la confiance dans l’économie algérienne”

Ce qui est important aujourd’hui, c’est de remettre de la confiance dans l’économie algérienne, donner des signaux positifs en montrant que les réformes qu’il faut sont mises en œuvre pour pouvoir produire en Algérie”, a estimé, dimanche dernier, Lies Kerrar, expert en finances et président du cabinet de conseil, études et assistance en investissement Humilis Corporate Finance sur la chaîne de télévision Ennahar TV.

Contrairement au discours rassurant du gouvernement, M. Kerrar soutient que l’Algérie est en crise. “Elle l’était déjà même quand les prix du pétrole étaient à 100 dollars”, a-t-il affirmé, soulignant que le modèle économique de l’Algérie n’est pas soutenable. L’expert a rappelé que tous “les économistes sérieux” ont, depuis quatre à cinq ans, tiré la sonnette d’alarme, avant que les prix du pétrole ne commencent à baisser.

L’urgence pour le président Humilis Corporate Finance est de changer de modèle économique, en mettant en place un modèle qui valorise la compétence, le travail, la création de richesse et sortir de l’environnement de la

rente. M. Kerrar a expliqué que la baisse du dinar n’est que la conséquence de la situation de l’économie algérienne trop dépendante des hydrocarbures. “On ne crée pas de richesse en Algérie. Nos seules exportations sont celles des hydrocarbures. Et en quantité, l’Algérie exporte de moins en moins, en plus du prix qui a baissé sur le marché mondial”, a-t-il relevé. Les exportations d’hydrocarbures ont baissé d’environ 9% au cours du 1er trimestre par rapport à la même période de l’année passée. L’expert laisse entendre que le dinar demeure encore surévalué et qu’il pourrait se déprécier plus qu’il ne l’est aujourd’hui. “Les prix du pétrole ont reculé de moitié en un an. Le dinar par rapport au dollar n’a baissé que de 20%. Il y a une autre dépréciation de 20 à 25% qui devrait être faite sur le dinar”, a-t-il argué, estimant que la Banque d’Algérie a bien fait de laisser le dinar se déprécier. “Il ne faut pas être contre la dépréciation du dinar”, a indiqué M. Kerrar, insistant sur l’urgence de réformer le climat des affaires pour produire localement. “Il faut retrousser ses manches et travailler.

L’État doit mettre en œuvre les réformes qu’il faut, en termes d’environnement des affaires, et permettre aux acteurs économiques de créer des richesses”, a-t-il insisté, critiquant la bureaucratie qui “ne permet pas de produire en Algérie”. Pour l’expert, les réformes sur l’environnement traînent et les réformes du système financier ont pris beaucoup de retard. “Il est urgent d’agir”, a-t-il estimé, suggérant, entre autres, la mise en place “de zones franches industrielles”.

En tout cas, selon lui, “le seul moyen de préserver le pouvoir d’achat des Algériens, les retraites, le système de la Sécurité sociale est de produire de la richesse en Algérie”. Interrogé sur les mesures de la loi de finances complémentaire, le président de Humilis Corporate Finance a relevé, d’abord, le retard de parution. Ensuite, il a observé que “les dépenses n’ont pas significativement baissé, alors que les revenus de l’État ont baissé”.

Dans la prochaine loi de finances, l’expert espère “des mesures beaucoup plus volontaristes pour sortir de la crise”, estimant que celles contenues dans la loi de finances complémentaire 2015 “ne suffisent pas”. M. Kerrar a ajouté que “la situation est tellement urgente qu’on n’a pas besoin d’attendre les échéances des lois de finances pour pouvoir agir”.

M. R