Organisé par l’Union de fusion et de liaison (services de renseignements des pays du Sahel) et le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert), le séminaire ayant eu lieu, durant trois jours, autour de la lutte contre la radicalisation, a pris fin hier, sanctionné par des recommandations qui, tout en relevant le caractère «critique» de la situation sécuritaire dans la région, appelle à la prise de mesures à même de faire face à la menace.
Le séminaire organisé par l’UFL et le Caert, auquel ont participé, entre autres, des ambassadeurs, des parlementaires, des spécialistes du renseignement et de la sécurité, des oulémas, des acteurs de la société civile et médias de la région du Sahel (Algérie, Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Nigeria, Soudan et Tchad), est devenu une nécessité pour réfléchir au renforcement de la coopération entre les pays concernés, pour lutter contre la menace terroriste qui va en crescendo,
avec les derniers développements dans la région, notamment la circulation d’armes libyennes, la situation au nord du Mali et la multiplication du nombre de groupes armés sévissant au Sahel, relèvent des spécialistes avertis. Diverses thématiques ont été successivement présentées par d’éminents conférenciers, se rapportant sur, notamment sur «les racines et les mémoires contre l’extrémisme», «la culture, l’autre alternative à l’extrémisme», «la définition et genèse de la radicalisation», «le rôle des médias dans la sensibilisation», et «le radicalisme religieux».
Les spécialistes ont relevé l’investissement dans la corruption, les conditions de vie extrêmement difficiles et la mauvaise gouvernance dans certaines parties de la région pour «recruter» à travers des discours extrémistes et haineux, utilisant, pour ce faire des armes venues de Libye et l’argent provenant de paiements de rançons. D’où le choix des thématiques abordées. Une radicalisation a été notée, à cause de ces discours prononcés par des membres d’Aqmi dépêchés par l’organisation terroriste, dans des villages et autres localités souffrant de la pauvreté et marginalisation.
Associer les leaders religieux dans la lutte contre le terrorisme
Dans le résumé des conclusions ayant sanctionné les travaux du séminaire, les participants recommandent, à l’endroit des gouvernements, plusieurs mesures, dont celle consistant à «encourages les différents acteurs à faire de la prévention contre la radicalisation, une priorité dans les programmes nationaux», et «associer les leaders religieux dans la lutte contre le terrorisme en les dotant de moyens conséquents».
Ils recommandent, également, «d’impliquer de manière active les acteurs de la société civile, des milieux associatifs et religieux dans l’action de sensibilisation contre le discours radical prôné par les groupes terroristes en direction de la population de la région du Sahel», expliquant qu’ «il s’agit d’encourager ces acteurs à développer des approches directes en direction des populations (conférences,
activités culturelles, débats, etc.)» Toujours en direction des gouvernements, il est recommandé par les organisateurs du séminaire «d’œuvrer à renforcer les capacités de la société à lutter contre l’extrémisme violent et la radicalisation en offrant aux groupes sociaux marginalisés, en particulier les jeunes vulnérables à la radicalisation, des services sociaux de base et des perspectives économiques et d’emploi».
Renforcer la démocratie et le respect des droits de l’homme
A l’endroit des Parlements de la région, l’UFL et le Caert invitent ces derniers à «jouer un rôle dans la promotion et la coopération régionale dans le domaine de la lutte contre la radicalisation». Comme ils les invitent à «établir et intensifier les échanges d’informations et d’expériences entre Parlements, touchant à la mise en œuvre des mesures législatives efficaces dans ce domaine».
Les services secrets et le Caert invitent, également, les Parlements à «soutenir les mécanismes et instruments intergouvernementaux qui favorisent la stabilité, la réconciliation et le développement pacifique aux niveaux régional et sous-régional, qui renforcent la dimension parlementaire», de même qu’ils les invitent à «renforcer la démocratie, le respect des droits de l’homme, la promotion du règlement pacifique des conflits et la cessation de l’occupation qui sont les meilleurs moyens de prévenir le terrorisme».
Les services de renseignement et le Caert recommandent le renforcement de «tous les efforts pour éliminer l’injustice sociale, la marginalisation et l’extrémisme qui font le lit du terrorisme, au moyen de mesures de développement qui tiennent particulièrement compte des initiatives de la société civile».
Il est, également, recommandé, par les participants au séminaire, de «mettre en place un groupe de travail incluant les acteurs de la société civile, des leaders religieux, des chefs traditionnels, des médias ayant pour feuille de route l’élaboration de lignes directrices contre la radicalisation, visant l’uniformisation des différents concepts et notions, développement des programmes de sensibilisation des populations et de formation d’imams (les sciences sociales et la philosophie…),
d’un catalogue de meilleures pratiques des Etats de la région dans le domaine de la lutte et l’extrémisme religieux, et l’assistance des Etats membres à développer des stratégies de prévention et de lutte contre la radicalisation». Comme il est recommandé «d’étendre la sensibilisation sur la nécessité de lutter contre la radicalisation et l’extrémisme religieux aux autres régions du continent par l’organisation de séminaires et d’autres activités du même genre».
M. A.