Pour compenser la baisse des recettes des exportations, Pétrole : l’Algérie veut augmenter sa production

Pour compenser la baisse des recettes des exportations, Pétrole : l’Algérie veut augmenter sa production
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L’Algérie a terminé l’année écoulée avec 60 milliards de dollars de recettes pétrolières. Pas assez pour couvrir les besoins en importations qui se chiffrent à 65 milliards de dollars pour 2015.

Intervenant, le 22 janvier, devant la commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification de l’APN, le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, a rassuré que nous sommes en train “d’accélérer” le développement de dizaines de gisements dans l’objectif “d’augmenter” notre production en hydrocarbures et de relever les revenus pétroliers du pays.

M. Yousfi a expliqué que l’option de pomper plus de pétrole envisagée par le secteur dont il a la charge, est rendue “nécessaire” par le besoin de maintenir les recettes en devises qui ont pâti de la détérioration des marchés pétroliers. Les cours de l’or noir évoluent aujourd’hui en dessous des 50 dollars, comme au début de l’année 2009. Ils ont chuté de moitié en l’espace de six mois. Et, si cette tendance ne fléchit pas, les recettes pétrolières du pays vont baisser de moitié à fin 2015. L’Algérie a terminé l’année écoulée avec 60 milliards de dollars de recettes pétrolières.

Pas assez pour couvrir les besoins en importations qui se chiffrent à 65 milliards de dollars pour 2015. À l’évidence, la spirale baissière va se poursuivre, s’il n’y a pas redressement des marchés, les mois à venir, un scénario probable qui risque de mettre le pays dans une situation de crise, difficilement surmontable. Et, l’option de relever la production pétrolière, pour suppléer les trous d’air dans les réserves de changes du pays qui ont fondu de dix milliards de dollars, en cinq mois, conséquence de la diminution des recettes tirées des hydrocarbures, semble complexe dans l’immédiat.

LG Algérie

La production en hydrocarbures connaît depuis plusieurs années une réelle déplétion, et il est difficile de la relever, en l’absence de gros projets dans l’exploration. Il est vrai que Sonatrach travaille à un plan d’investissement de 90 milliards de dollars à mettre en œuvre dans l’intervalle 2015-2019.

Aussi ambitieux soit-il, ce programme maintenu en contexte de crise, ne pourra cependant donner lieu à des gisements en production qu’au-delà de 2019. Et puis, une augmentation de production ne signifie pas forcément un relèvement des exportations pétrolières, le pays ne disposant que de quotas que l’Opep lui a affectés.

L’Algérie ne pourra les modifier que si d’autres pays membres de l’organisation pétrolière diminuent ou augmentent les leurs. Pour l’instant, on n’en est pas là et l’Opep continue de faire l’actualité.

Elle s’est invitée dans les débats du Forum de Davos où l’Algérie s’est fait représenter par le ministre de l’Industrie et des Mines, qui a eu cette déclaration : l’Algérie appelle à la “raison” l’ensemble des pays producteurs du pétrole, tout comme elle appelle les producteurs hors Opep à “considérer” toute la gravité de la situation et “s’engager” à contenir leurs productions pour permettre à l’industrie pétrolière une évolution “plus harmonieuse”. Le ministre a estimé que l’ampleur de la croissance attendue de la demande et la raréfaction des ressources nécessitent “de grands efforts d’investissements que compromettent”, aujourd’hui, les niveaux atteints par les prix du pétrole, soulignant que “le retour vers le pétrole Opep est inéluctable” et pourrait s’accélérer dès lors que la demande des pays émergents reprendra. M. Bouchouareb sera-t-il entendu ? Peu probable, l’Arabie saoudite ne voulant pas aujourd’hui toucher au plafond de la production Opep. Dans sa première déclaration, le nouveau roi saoudien a assuré qu’“il n’y aurait pas de changement” dans la politique saoudienne, y compris dans “la politique pétrolière”.

Tout est dit. L’Arabie saoudite, disposant de suffisamment de revenus, peut s’accommoder, pour un temps, du niveau actuel des prix du pétrole, mais elle devrait, peut-être, dans quelques mois, se montrer plus souple qu’elle ne l’est aujourd’hui, si les cours continuent de dégringoler. Il y a, actuellement, sur le marché, environ deux millions de barils par jour en surplus de pétrole qu’il faudrait éponger pour mettre à l’équilibre l’offre pétrolière de l’Opep. 72% des réserves en pétrole à l’échelle mondiale sont concentrées entre les mains des pays Opep, 50% des exportations d’hydrocarbures mondiales en proviennent et 30% de la production mondiale en relèvent.

Y.S.