La désaffection des citoyens pour la campagne électorale et le spectre de l’abstention le jour du scrutin donnent à réfléchir au gouvernement. Première mesure : déployer le maximum de ministres sur le terrain pour rappeler aux Algériens les différentes réalisations du gouvernement actuel et attirer de potentiels électeurs.
A une semaine avant le tomber de rideau sur la campagne électorale, les ministres en-trent «en lice». Ils sont nombreux à sortir ces derniers jours de leurs départements pour tenter de convaincre un électorat indécis à se rendre aux urnes le 10 mai prochain. La désaffection des citoyens pour la campagne électorale et le spectre de l’abstention le jour du scrutin donnent à réfléchir au gouvernement. Première mesure : déployer le maximum de minis-tres sur le terrain pour rappeler aux Algériens les différentes réalisations du gouvernement actuel et attirer de potentiels électeurs. Par ailleurs, ces ministres n’ont pas agi seul. Selon plusieurs sources, le président de la République a ordonné aux ministres non concernés directement par la compétition électorale de renouer avec les visites sur le terrain. Les mêmes sources ajoutent que le chef de l’Etat «n’est pas du tout satisfait du rendement des partis politiques lors des deux premières semaines de la campagne électorale». Il l’a fait savoir à ses proches collaborateurs. «C’est tout son package de réformes qui part en fumée si le peuple tourne le dos aux urnes», souligne une source. Et c’est le taux de participation et non pas les résultats du scrutin qui préoccupe actuellement les haut responsables. C’est dans ce cadre que les ministres enchaînent sorties sur terrain et sorties médiatiques. Hier, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, l’un des fidèles du président, a été invité par la Radio nationale pour parler «eau» et sur le taux de remplissage des barrages. L’invité de «100% politique», s’est prononcé sur le printemps arabe et les élections législatives du 10 mai. Le ministre a appelé les Algériens à voter massivement le 10 mai prochain. Pour lui, les élections se tiennent dans un contexte particulier et les Algériens ne seront pas en marge du processus de réformes engagé par le président de la République. D’après le ministre, «il y a un engouement particulier de la part de la population lors de la campagne électorale». Malheureusement, la réalité démontre toute autre chose. Abdelmalek Sellal a également annoncé jeudi, à partir de Jijel, que l’eau du barrage de Beni Haroun (Mila) arrivera à Chemora, dans la région de Batna, «en 2013». Une façon de dire que le gouvernement continue à travailler et à prendre en charge les préoccupations des citoyens. Le ministère de l’Habitat a été également mis en branle en prévision du scrutin. Le ministre en charge du secteur, Noureddine Moussa, a annoncé jeudi à Alger un programme de 132 000 logements pour le 1er trimestre 2012. Il a aussi annoncé l’allègement des procédures d’accès aux crédits immobiliers. «Les réformes politiques et le rôle des jeunes dans le règlement des problèmes», a été le thème d’une rencontre organisée récemment à Alger et chapeautée par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hachemi Djiar. Le responsable a incité les jeunes à accomplir leur «devoir électoral lors des élections législatives du 10 mai, à l’effet d’édifier un système politique nouveau fondé sur la légitimité démocratique». «Le vote est à la fois un devoir et une nécessité pour le changement. On ne peut pas procéder à ce changement sans participer à la vie politique. Il faut donc que chacun accomplisse son devoir électoral le jour du vote», a déclaré Djiar. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, n’est pas en reste. Après avoir instruit les imams à s’impliquer dans la campagne électorale, le ministre a pris le soin d’organiser, lui-même, des rencontres avec la société civile. Le ministère de l’Intérieur, un département concerné directement par l’organisation des élections, s’est impliqué également à travers des mesures assurant la neutralité de l’administration. Cela, pour appeler à une participation massive au scrutin du 10 mai que le président de la République n’a pas hésité à comparer à la date du déclenchement de la révolution.
Par Mehdi Aït Mouloud