L’imam de l’antique Grande Mosquée de Tlemcen, cheikh Boufelja, ne prêchera plus. Il vient d’être écarté par l’administration qui ne lui a pas pardonné le sulfureux prêche de vendredi, radiotélévisé et en présence des autorités locales de la wilaya.
Prêche dans lequel il s’est attaqué à la corruption qui mine la société algérienne et les fléaux sociaux qui la gangrènent. On vient de lui notifier sa suspension, alors qu’il est considéré comme le doyen des imams de la wilaya, le plus ancien et l’un des rares imams à être resté sur son minbar durant la décennie noire.
Il jouit dans la capitale des Zianides d’une très grande considération et de respect. Son père, cheikh Sidi Boufelja Ben-Abderrahmane, cheikh de la zaouïa de Kerzaz, qui occupait le poste d’imam à la Grande Mosquée de Tlemcen, n’est autre que le maître de cheikh Sidi Mohamed Ben Lekbir, le grand cheikh de la très célèbre zaouïa d’Adrar. Après la mort de son père, Si Boufelja dirigea la zaouïa, gravita tous les échelons et devint l’imam, à son tour, de la Grande Mosquée de Tlemcen qu’il dirige depuis plus de quarante années.
La décision de sa mise à l’écart a provoqué un véritable tollé parmi les fidèles, lesquels, dans une pétition adressée au ministre des Affaires religieuses et des Wafks, «exigent son retour», jugeant cette décision «injuste et injustifiée à l’égard de celui qui fut et reste l’un des grands maîtres spirituels sur la place de la cité des Zianides».
Issu d’une grande famille de Soufis, Si Boufelja a toujours été, dans ses prêches, très virulent à l’égard de tous ceux qui dilapident les biens publics ou, pour reprendre ses propos, «ceux qui ont tourné le dos au peuple et s’enrichissent par la corruption, le clientélisme et les passe-droits, et tous ceux qui se servent avant de servir leur peuple le laissant en proie à d’énormes difficultés socioéconomiques, malgré les énormes richesses que renferme le pays…».
Il vient d’être muselé par l’administration locale. Les fidèles se mobilisent pour exiger son retour à la tête du minbar de la grande mosquée de Tlemcen.
B. Soufi