Pour Amnesty International, les Algériennes ne sont pas suffisamment protégées contre les violences

Pour Amnesty International, les Algériennes ne sont pas suffisamment protégées contre les violences

En dépit de récentes réformes renforçant la protection des femmes face à la violence, notamment sexuelle, la législation algérienne demeure insuffisante pour protéger convenablement les victimes. Tel est le constat dressé par l’ONG Amnesty International Algérie, à l’occasion de la “Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes” célébrée le 25 novembre, qui appelle à une « approche globale”, seule capable d’aller vers de réels progrès dans le domaine.

Certes, la législation algérienne garantit désormais l’indemnisation des femmes violées par des membres de groupes armés au cours des années 1990 et reconnaît comme “infractions pénales” les violences domestiques et le harcèlement sexuel dans les lieux publics mais « les indemnisations financières ne suffisent pas, il faut de la justice” a affirmé Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, lors d’une conférence de presse, tenue, aujourd’hui, 25 novembre, à Alger.

“Ces nouvelles mesures introduites dans le Code pénal sont positives mais restent largement insuffisantes. Elles apparaissent comme fragmentaires et purement symboliques”, a déclaré la directrice d’Amnesty soulignant qu’un tas de questions demeurent posées en matière de mise en œuvre.

“Les violences conjugales sont enfin reconnues mais, en cas de pardon, l’agresseur n’est exposé à aucune poursuite pénale” a remarqué à titre d’exemple Hassina Oussedik qualifiant cette clause « d’intolérable pour Amnesty ».

Autre exemple de “lacune” de la législation algérienne: l’article 326 du code pénal qui permet à l’auteur d’un viol d’échapper aux poursuites s’il épouse sa victime laquelle est alors exposée à un mariage forcé. “Inadmissible” aussi pour Amnesty qui exige son abrogation pure et simple.

Amnesty lance une pétition contre les violences sexuelles à l’égard des femmes au Maghreb

En raison des similitudes de situations des femmes au Maghreb, Amnesty a lancé une action commune pour les victimes de violences sexuelles à travers une pétition internationale demandant que les “femmes et les jeunes filles ayant subi des violences sexuelles soient protégées”, a annoncé Hassina Oussedik lors de la conférence de presse. La pétition signée par près de 200.000 personnes a été remise aux autorités tunisiennes le 18 novembre dernier et devait être transmise aux autorités marocaines le 25 novembre. En ce qui concerne l’Algérie, une demande d’audience au Premier ministre Abdelmalek Sellal a été envoyée début novembre, elle est toujours en attente de réponse a fait savoir la directrice d’Amnesty Algérie. “Si on n’a pas de réponse, on relancera puis on ira voir les ministères et on tapera à toutes les portes jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent” a affirmé Hassina Oussedik.

L’absence de définition du viol dans le Code pénal algérien conformément aux normes internationales a aussi été pointé du doigt par les intervenants car empêchant toute poursuite judiciaire. “La priorité est de définir, comme on le fait universellement, ce qu’est un viol”, a insisté Fadhila Chitour, présidente du réseau Wassila de défense des femmes et d’enfants victimes de violences, lors de sa prise de parole. “Dans la législation algérienne seul est considéré comme viol “la pénétration d’un vagin par un organe génital masculin”, ce qui ne prend pas en compte la pénétration des autres orifices et l’utilisation d’objets.

Des ajustements nécessaires

Seule l’adoption d’une loi globale pourra mettre un terme à la violence contre les femmes estime les représentants d’Amnesty International. “ Le pouvoir doit manifester une politique publique forte et la société civile doit s’organiser pour accompagner au mieux les Algériennes victimes de violences: de l’avocat au médecin en passant par la police et le juge, tout le monde doit être mobilisé.

Cette approche globale permettra de briser le silence et d’avoir ainsi une connaissance de la réalité susceptible d’aboutir à des statistiques qui font, aujourd’hui, grandement défaut, a relevé la directrice d’Amnesty International Algérie.