Grâce à l’introduction récente d’un nouveau « modèle d’équilibre général calculable », basé sur la « simulation des chocs », la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP) du ministère des Finances sera plus apte à aider à la prise de décision économique en Algérie, ont assuré dimanche à l’APS des responsables de cette structure.
Le nouveau modèle, appelé le Mega (Modèle d’équilibre général algérien), est « un modèle de simulation de crises qui calcule l’ensemble des impacts d’un éventuel choc sur l’économie, permettant aux décideurs de réduire l’incertitude autour des décisions futures des agents économiques », a indiqué M. Ferhane Sidi Mohamed, premier responsable de la DGPP. En faisant une simulation d’une situation de choc, par exemple une baisse des prix du pétrole ou une hausse exceptionnelle des salaires de la Fonction publique, le nouveau modèle est en mesure de calculer les impacts de ce choc sur le comportement de tous les agents économiques en se référant à une « image » de l’économie algérienne à une année donnée, a-t-il précisé. Ce modèle de simulation, qui prend l’année 2009 comme année de référence en Algérie, est un Modèle d’équilibre général calculable (MEGC) adapté à l’économie algérienne, a noté M. Ferhane. Le Mega, utilisé par la DGGP depuis 2011 dans son volet « statique » alors que son volet « dynamique » continue d’être testé pour être appliqué dès 2013, permettra « d’analyser les relations entre les agents économiques et évitera ainsi de recourir à des séries statistiques longues, exigées par les modèles de prévision », a, de son côté, appuyé M. Louahadj Sid-Ahmed, directeur de la prévision macroéconomique à la même direction. C’est que les modèles de prévisions, très « gourmands » en données statistiques, fonctionnent sur la base d’hypothèses qui risquent, en cas où elles sont imprécises, de « compromettre les résultats des prévisions », a-t-il poursuivi.
Le mini modèle de prévision, utilisé jusqu’à présent par la DGPP est « déterministe » car il ne tient pas compte des comportements des agents économiques mais utilise des séries chronologiques et des identités comptables, selon le même responsable. L’étude faite par la DGPP sur l’impact de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) n’a pris en charge, à titre d’exemple, qu’un seul volet: celui du manque à gagner en matière de ressources budgétaires, a reconnu M. Ferhane. « Si nous disposions du Mega alors que nous étions en négociations pour la signature de l’accord avec l’UE, nous aurions pu calculer l’impact de l’accord sur l’ensemble de l’économie », a regretté M. Ferhane. C’est ainsi que le Mega constitue « un modèle typique d’aide à la décision publique », selon M. Louahadj. Ce système « peut, par exemple, étudier les impacts possibles de l’adhésion à l’OMC et les décideurs auront une idée de cet impact, non pas sur une partie de l’économie, mais sur l’ensemble de l’économie », s’est-il réjoui.
Les études de la DGGP, élaborées sur propositions internes ou sur la demande du Premier ministère ainsi que les prévisions à court et moyen termes demeurent à ce jour des documents « internes » destinés exclusivement aux décideurs, a fait remarquer M. Ferhane, invité à avancer quelques prévisions macroéconomiques à court et à moyen termes. A la faveur de la promulgation de la loi organique des lois de finances, probablement cette année, les prévisions sur trois années devront en revanche accompagner « obligatoirement » la présentation des lois de finances, a avancé le même responsable. Parallèlement à la maturation du Mega, la DGPP est sur le point de lancer deux autres modèles complémentaires de prévisions : le VECM (modélisation vectorielle à correction d’erreurs) et le MASPM (modèle algérien de simulation et de prévisions macroéconomiques), a indiqué M. Ferhane. Le premier modèle « permet l’identification des facteurs de causalité dans l’économie grâce aux paramètres de saisonnalité » alors que le deuxième « permet une vision à moyen terme sur la base de séries chronologiques », a-t-il détaillé.
Par : Lakhdari Brahim et APS