Pour acheter la paix sociale en 2011, Bouteflika signe un chèque de 23,8 milliards de dollars

Pour acheter la paix sociale en 2011, Bouteflika signe un chèque de 23,8 milliards de dollars

Le gouvernement algérien signe un très gros chèque pour calmer la grogne sociale : 23,8 milliards de dollars pour l’année 2011. La loi de finance complémentaire pour l’exercice 2011 prévoit ainsi une augmentation de 25 % des dépenses publiques, avec plus de 1657 milliards de dinars, soit 23,8 milliards de dollars supplémentaires, portant le total des dépenses 2011 à 8275 milliards de dinars (plus de 115 milliards de dollars). Pour le pouvoir algérien, la paix sociale n’a pas de prix.

Cette rallonge budgétaire, la plus importante depuis l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika en avril 1999, a été consentie pour financer les multiples promesses du chef de l’Etat pour répondre aux revendications socioprofessionnelles des Algériens.

Explications fournies jeudi 5 mai par le ministre des Finances, Karim Djoudi : Cette rallonge répond au besoin d’accompagner en autorisations de programme et de crédits de paiements les décisions prises par le Conseil des ministres en février dernier pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens, répondre à la demande particulière d’emplois de la jeunesse et promouvoir davantage le développement de l’outil économique productif.

Le pouvoir algérien est confronté depuis janvier 2011 à une très forte contestation sociale qui s’est illustrée par des émeutes, des grèves et des marches aux quatre coins du pays. Les Algériens se plaignent régulièrement de l’érosion de leur pouvoir d’achat alors que, arguent-ils « l’Etat est plein aux as ».

Pour tenter de calmer la grogne des citoyens, le gouvernement a donc adopté la stratégie du chéquier. C’est ainsi que plusieurs secteurs de la fonction publique ont bénéficié de substantielles augmentations salariales avec souvent des effets rétroactifs s’étalant sur plusieurs mois.

Grâce à l’envolée des cours du pétrole, les autorités algériennes disposent d’un impressionnant matelas financier qui permet de dépenser sans compter.

Après avoir procédé au remboursement de sa dette extérieure qui s’élevait au début des années 1990 à plus de 32 milliards de dollars, l’Algérie dispose aujourd’hui d’une réserve de change estimée à 155 milliards de dollars.

De quoi largement dépenser sans compter.

Les principales dépenses supplémentaires :

-400 milliards de dinars pour les régimes indemnitaires des fonctionnaires,

-178 milliards de subventions supplémentaires aux denrées de base (blé, lait, huile, sucre) portant le total de l’enveloppe affectée à ce secteur à 271 milliards en 2011

-139 milliards pour des actions orientées sur l’emploi des jeunes

-897 milliards pour la construction de logements

– 67 milliards de complément de crédits aux secteurs de l’hydraulique, des travaux publics, du rail, notamment.

La loi de finance complémentaire comporte également de nouvelles mesures d’incitation aux entrepreneurs, dont la hausse de 5 à 10 milliards du plafond d’éligibilité à l’impôt forfaitaire unique et le dégrèvement de charges sociales dans les wilayas du Nord (80 %) et des Hauts plateaux (90 %).