Le directeur général des Douanes n’a toujours pas accordé la mainlevée pour libérer les conteneurs de poudre de lait.
Qui est responsable? Incroyable! Alors que le pays est plongé dans une crise aiguë de lait en sachet, «plus de 200 conteneurs, initialement 500, sont bloqués au niveau du port d’Alger», selon une source douanière sûre. Les raisons principales de ce blocage sont relatives à «la rade, les lenteurs du traitement administratif et le manque de moyens au niveau du port d’Alger», précise la même source. Les conteneurs qui sont bloqués pendant une période dépassant les deux mois, se trouvent, ajoute-t-on, «sous le sceau de la saisie professionnelle».
Par conséquent, le blocage de la poudre de lait dépendra d’une procédure très lente qui pourra aller jusqu’à deux autres mois, selon la même source. La mainlevée sur la marchandise saisie devra être signée par le directeur général des Douanes en personne. Pendant ce temps, la poudre de lait qui est un produit très sensible, sera à coup sûr, indique-t-on, «périmée et impropre à la consommation».
Une levée de boucliers est d’ailleurs observée au niveau du port d’Alger, souligne notre source. Le ministre du Commerce, ses homologues des Finances et de l’Agriculture sont intervenus pour tenter de désamorcer cette crise et libérer la marchandise bloquée, apprend-on encore. Pour sa part, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, croise le fer avec certains producteurs de lait «qui ne jouent pas le jeu», affirmant que cette pénurie «est due à un dysfonctionnement dans la distribution de la poudre de lait subventionnée».
Le ministre s’exprimait hier, en marge des travaux d’installation du comité consultatif africain de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Unccd). Interrogé sur la cause exacte de l’indisponibilité du lait en sachet, M.Benaïssa a expliqué que «vu les bons résultats réalisés par la filière, on s’attendait à une amélioration dans la disponibilité du lait».
Cependant, paradoxalement, «la situation faite de l’augmentation de la production de lait cru pour cette année, l’importation des quantités largement suffisantes de la poudre de lait ainsi que l’accroissement du nombre de vaches laitières, passant de 1200 vaches importées en 2007 à 20.000 vaches, arrêté le mois d’octobre dernier, se sont soldés par une pénurie qui ne dit pas son nom». Le premier responsable du département de l’agriculture a reconnu «la complexité de la filière, étant donné la multiplicité des acteurs et intervenants la caractérisant». Cela dit, M.Benaïssa a indiqué que «l’organisation de la filière, donc le retour à la normale et la fin de la pénurie, n’est pas pour bientôt car le processus de changement est lent».
La solution préconisée par le ministre consiste à «soumettre les opérateurs de la filière aux clauses du nouveau cahier des charges qui porteront, notamment sur trois volets, à savoir la transparence, le professionnalisme et la rationalité». Selon le ministre, les transformateurs refusent de collecter le lait cru et de l’intégrer dans la production de lait pasteurisé en optant uniquement pour la poudre de lait. Or, la distribution des quotas de la poudre se fait proportionnellement aux besoins de chaque région en prenant en compte la quantité de lait cru produite dans la même région.
Néanmoins, ce mécanisme a engendré une situation abracadabrante. La wilaya de Tizi Ouzou, par exemple, la première en matière de production de lait cru, s’est retrouvée avec une pénurie totale et incompréhensible sur son territoire. A ce dysfonctionnement s’ajoute, selon le ministre, un autre problème de communication touchant de plein fouet la filière.
Le lait transformé chez nous, connaît bel et bien un déficit en protéines entrant dans sa composition. Cela fait longtemps que la sonnette d’alarme est tirée par le département du commerce à ce sujet. Mais, jusqu’à présent, rien n’a été fait pour améliorer la situation.
Mohamed BOUFATAH