Plusieurs experts ont, au cours du cinquième colloque organisé hier par le club Energy, relevé la sous-exploitation des potentiels solaire et minier de l’Algérie.
Ancien responsable à Sonatrach et spécialiste des énergies renouvelables, Toufik Hasni, a qualifié de scandale géologique l’insuffisante exploitation du potentiel solaire de l’Algérie. La richesse solaire de l’Algérie est la plus importante au monde. C’est le premier potentiel de la région, soit 10 fois la consommation énergétique mondiale, a-t-il soutenu. Cette richesse permet donc d’assurer outre les besoins nationaux en énergie, ceux d’une bonne partie du monde, notamment de garantir la sécurité énergétique de l’Europe, a-t-il ajouté. En dépit de l’importance de cette ressource, aujourd’hui, l’Algérie ne produit que 400 MW d’électricité à partir de l’énergie solaire, soit moins de 3% de sa production d’électricité globale.
Messaoud Boumaour, un autre expert, a abondé dans ce sens : “L’Algérie qui a tardivement lancé un ambitieux programme national des énergies renouvelables, continue à peiner pour faire décoller sur le terrain des actions d’envergure mobilisatrices. Les capacités installées (400MW) jugées dérisoires ne sont ni en rapport avec le potentiel solaire exceptionnel du pays ni avec l’existence d’un vivier de compétences (universités, CRD, industriels, entrepreneurs …) ni, enfin, avec le développement local des populations.”
Plusieurs spécialistes ont relevé également le retard dans la mise en œuvre du programme de développement des énergies renouvelables, l’inexistence d’un marché des énergies renouvelables en raison des tarifs trop bas de l’électricité, d’une activité gérée par l’État qui ne laisse pas trop de place à l’initiative privée. “Cette situation a entraÎné une déperdition des ressources humaines, des cadres formés sur les technologies du solaire qui ont soit rejoint des entreprises étrangères, soit changé d’activité”, a indiqué Boukhalfa Yaïci, président du cluster énergies renouvelables.

Kazi Tani Nacer Eddine, spécialiste en géologie, lui, a révélé l’existence de richesses minières importantes principalement au Sahara, notamment des métaux ou terres rares qui sont inutilisées actuellement. Il a cité les granits Taourit du Hoggar qui concentre des métaux rares. Il a cité le lithium, le vanadium, le titane, le tungstène. Le vanadium peut être utilisé pour le stockage dans les voitures électriques.
Ahmed Mechraoui, lui, a soutenu qu’avec les réserves actuelles de gaz, l’Algérie pourrait importer ce produit en 2035. L’Algérie recèle 2 000 milliards de mètres cubes de gaz de réserves conventionnelles prouvées, elle aura besoin, d’ici à cette échéance, de 1 900 milliards de m3 de gaz pour uniquement produire de l’électricité. Avec la mise en œuvre du programme des énergies renouvelables, elle économisera seulement entre 200 à 300 milliards de m3.
Concernant les ressources en gaz de schiste (3e au monde), l’ancien ministre de l’Énergie et spécialiste pétrolier, Nourdine Aït Laoussine, a émis des doutes sur leur exploitation. Sont-elles socialement et commercialement exploitables ? À quel prix de revient sont-elles, en un mot, susceptibles d’être exploitées ? Ce qui suppose qu’avec les prix bas actuels du gaz sur les marchés internationaux, leur exploitation en Algérie n’est pas rentable.
K. Remouche.