Poseurs d’affiches et arracheurs se font la guerre à Batna

Poseurs d’affiches et arracheurs se font la guerre à Batna
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De multiples affiches et affichettes collées partout sur les murs, sur les boîtes à lettres, les cabines téléphoniques, les postes électriques, les poteaux, les abribus et même sur  les troncs d’arbres, etc., tel est le décor qui caractérise la ville de Batna en cette période de campagne électorale pour les locales. Les candidats s’évertuent à coller leur visage sur un maximum de supports autorisés et même hors des espaces autorisés.

Les plus riches s’approprient tout l’espace de la ville, autorisés ou non, ayant les moyens vu leurs grandes affiches en quadrichromies. L’affichage sauvage gagne et sature tout l’espace public. Chaque nuit, les colleurs d’affiches rivalisent de vitesse et d’intensité pour cacher le visage du concurrent. Les poseurs d’affiches électorales se déchaînent. Les tagueurs et les arracheurs aussi.

C’est la guerre, en somme ! Les affiches sont enlevées, déchirées, recouvertes, superposées, altérées et même travesties ou rendues illisibles. Elles sont aussi la cible des mécontents ou de plaisantins. Ornés de moustaches, de nez, de longues oreilles d’âne, de clown, griffonnées d’insultes, arrachées, recouvertes, les candidats sont méconnaissables ! Des mains qui apposent, qui tapissent et d’autres qui dégradent, déchirent, altèrent, travestissent, rendent ces supports illisibles et privent le citoyen de choisir la liste pour laquelle il votera. Trop de tolérance entretient la complaisance. À méditer.

Devant ces décors, le comportement du citoyen de la ville de Batna diffère d’une personne à l’autre. Il y a celui qui hausse les épaules et poursuit son chemin dans l’indifférence totale, il y a celui qui ne jette même pas un coup d’œil aux listes de peur d’être contaminé… par le virus des élections. Le décrochage politique de la population et la timidité des partis politiques en course, désarmés d’arguments et de programmes laissent la population  hésitante.

Du coup, la campagne électorale patine et n’arrive pas à se mettre sur les rails. L’heure est aux contacts discrets, avec les familles des candidats et leurs tribus pour raviver les sentiments de sang, même les sentiments xénophobes. Pour le moment, c’est le silence. Aucun parti politique n’a abattu ses cartes ! Les citoyens prédisent que le taux de participation à ces élections sera inférieur à celui des législatives. Les pronostics d’une manière générale ne sont pas optimistes et certains pessimistes vont même jusqu’à le fixer à moins de 30%.

«Quand vous regardez les têtes qui ornent les listes et lorsqu’on voit le niveau du langage et de réflexion qui caractérise les différents intervenants lors des débats, on peut se demander si ces élus ne seront pas les responsables d’une autre dérive pire que les précédentes», explique un comédien de Batna. Et d’ajouter : «Du fait de me rappeler la précédente Assemblée populaire communale de Batna et ce qu’elle a fait pour la culture, qu’elle a d’ailleurs complètement détruite, je préfère m’abstenir d’accomplir mon devoir…»

Désillusion et désintéressement des électeurs

«Nous en avons ras-le-bol de leurs promesses, qui fondent dès qu’ils sont élus», sont des propos mille fois entendus. La plupart des citoyens, dès que l’on aborde le sujet des élections, vous prient de changer de sujet. «Vous êtes encore bien naïf ! Ces gens ne se sont pas portés candidats pour vous servir mais pour se servir eux-mêmes. Ils sont là juste pour vous duper et avoir vos voix», vous expliquent certains. Et un confrère de surenchérir : «Comment voulez-vous que la population vote pour une liste dont les candidats déclarent une profession autre que la leur ?»

De très nombreuses raisons peuvent expliquer la désillusion, le désintéressement, le désabusement et le décrochage politique des électeurs : la foule des candidats qui ne représentent qu’eux-mêmes, les promesses qui ne voient jamais le jour dès que le candidat est élu,

l’injustice sociale, les inégalités, le chômage qui fait des ravages parmi les jeunes, le favoritisme et une cohorte de maux que vit la population. Tout le monde vous rappelle que les promesses sont irréalistes, qu’elles font partie du décor électoral et ne sont jamais concrétisées. Au vu du désintéressement au débat politique en cours, on ne peut que s’inquiéter.

Aguellid Aguellil