Le 2 mai 1962, en réponse aux Accords d’Evian, l’OAS commet un horrible attentat contre les dockers du port d’Alger. L’acte barbare a eu lieu au centre d’embauche. Conséquence : deux cents dockers algériens ont trouvé la mort. 50 ans après, les travailleurs de l’Entreprise portuaire d’Alger (Epal) se souviennent encore de ce triste souvenir. Commémoration.
Pour lutter contre l’oubli, une cérémonie de recueillement a été organisée, hier, à cinq cents mètres du terminal container. Un lieu hautement important de la façade maritime nationale et du commerce extérieur, dont la gestion a été confiée depuis quelques années aux Emiratis du DP World. Hier, les syndicalistes, dockers et autres cadres de l’Entreprise portuaire d’Alger ont salué la mémoire des dockers assassinés. Un syndicaliste de l’Epal a rappelé à l’assistance nombreuse, cet acte ignoble perpétré à 6 h du matin. 50 ans sont, en effet, passés depuis ce jour fatidique du 2 mai 1962 marqué par une forte explosion qui a secoué, à 6 heures du matin, le centre d’embauche du port. Lieu où chaque jour s’entassaient de nombreux Algériens pour se procurer les jetons qui leur permettaient de travailler la journée. Mais juste avant la distribution du fameux sésame qui ouvrait droit à l’accès aux bateaux pour les décharger contre un maigre pécule permettant à des centaines de familles algériennes de survivre, une voiture piégée a explosé au milieu des travailleurs rassemblés. La charge était si forte qu’elle a fait 200 victimes. Insatiable, la milice de l’OAS ne s’est pas arrêtée à ce stade. Face à l’élan de solidarité qu’a exprimé la population de La Casbah, accourue pour secourir les blessés, elle a opposé des tirs nourris à partir des immeubles longeant le boulevard menant vers le port. Selon ce même syndicaliste, «une 4 CV était poussée par trois personnes pour cause, semble-t-il, de panne. Devant dégager cette voiture de la route principale, les trois personnes l’ont garée près de l’endroit où se trouve actuellement la stèle commémorative des événements du 2 mai 1962 (qui porte aujourd’hui le nom) et ont disparu. Quelques instants après, une violente déflagration se fit entendre, entraînant la mort de quelque 200 personnes parmi les dockers et les passants ». Et avant que les sirènes des bateaux en rade au port d’Alger ne retentissent, un hommage particulier a été rendu à ces autres martyrs de la Révolution algérienne. Cette commémoration était également une occasion pour les représentants des travailleurs d’évoquer la situation qui prévaut au sein de l’Entreprise portuaire d’Alger, cinquante ans après le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie. Le syndicaliste dira : «Plus de 70 % des bateaux accostent du côté du port géré par l’entreprise émiratie.» Des correspondances ont été adressées au ministère de tutelle mais «rien n’a été fait pour le moment».
A. B.